INITIATION AU BAHIR, LE LIVRE DE LA CLARTE
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GHIMEL DALET HÉ DANS LE BAHIR
L'édition Verdier du Bahir a l'avantage de
présenter en annexe un index thématique qui permet l'étude de
thèmes en choisissant les "mishnayot" ou paragraphes
pouvant être reliés au thème choisi. Nous avons sélectionné
5 paragraphes 19-20-27-28-29 sur les 11 proposés pour illustrer
les lettres de l'alphabet hébreu ghimel, dalet, hé.
Et pourquoi Ghimel est-elle la troisième
lettre dans l'alphabet?
Parce qu'elle arrive troisième, et aussi
pour nous faire savoir qu'il "comble de bienfaits".
Mais rabbi Akiba dit que Ghimel est la
troisième lettre parce qu'elle pratique la charité, parce
qu'elle est sevrée, qu'elle fait grandir et subsister, comme il
est écrit dans Genèse 21/8: "L'enfant grandit. Il fut
sevré. Abraham fit un grand festin le jour où on sevra
Isaac"
Il répondit: c'est mon explication, car il
a grandi et il a comblé de bienfaits son résident et son
confident.
Cette mishnah est une véritable leçon de morale à travers la troisième lettre de l'alphabet hébreu, Ghimel. C'est qu'aussitôt la maison (beit) construite, édifiée par la Sagesse et le Discernement (voir alef-bet), nous arrivons à H'essed ou miséricorde dans le cheminement descendant des séfirot sur l'Arbre de Vie. "Ligmol" c'est compléter (le travail divin) par la miséricorde au niveau humain. C'est l'"assurance" de survie de l'humanité. "Guémilout h'assadim"(les bonnes oeuvres) est le troisième pilier de l'édifice moral du judaïsme, après la prière (a'vodah) et l'étude (torah).
Ghimel a aussi le sens de beauté, de chameau et de sevrage. Nous ne sommes pas loin du désert et de ses caravanes, où tout manque. Il faut combler le manque par l'action et le mouvement vers son prochain, notamment le pauvre qui se cache et qui a honte de montrer sa pauvreté. Le chameau n'a-t-il pas honte de n'avoir pas les sabots fourchus? (signe de non cashrout). Alors il s'assoit dessus pour les cacher.
Dans le versé cité deux mots sont importants: (Isaac) grandit ou "yigdal" et il est sevré ou "yigmal". Ces deux mots, dont la racine commence par Ghimel, connotent le mouvement (du chameau); sevrer se termine par "mal" (se rapprocher de) et grandir se termine par "dal", le pauvre. Ainsi par le mouvement Ghimel, il faut se rapprocher du pauvre.
On peut voir les choses encore autrement. Après Alef qui est l'émanation du divin, mais aussi l'apprentissage et l'éducation, vient Bet qui est la maison et l'intériorité. Si on donne à son enfant l'éducation (alef) et un logement (bet), il faut lui donner aussi un "manque"(ghimel et sevrage) pour qu'il puisse couper le cordon ombilical et s'accomplir par lui-même, pour "grandir" à son tour et faire le bien à ceux qui sont chez lui, ses voisins et les gens de confiance.
Et pourquoi Ghimel a-t-il une coda en bas?
Il leur répondit que Ghimel a une tête en haut qui ressemble à un conduit. De même que le conduit puise en haut et se vide en bas, de même Ghimel capte par la tête et le rend par sa coda, et c'est cela Ghimel.
Cette mishnah propose une image entre le dessin de la lettre Ghimel, le chameau qui rumine sa nourriture et qui la rend sous forme de matière fécale utile (combustible ou engrais) et l'Arbre de Vie qui est un monde intermédiaire entre le divin et l'humain qui reçoit la lumière d'en Haut et la transmet vers le miroir d'en bas où elle se réfléchit, mais une partie réussit à traverser et à être captée. Il s'agit de recevoir et donner.
Ses disciples lui demandèrent (rabbi Amoraï): que signifie la lettre Dalet?
Il leur répondit: cela se compare à dix rois réunis en un seul lieu et tous étaient riches, sauf un, tout riche qu'il fût, il était cependant moins riche que les autres, car bien que sa fortune fût grande, il était pauvre, en comparaison avec les autres.
On est toujours le pauvre ou le riche par rapport à l'autre et ces notions sont donc relatives. Mais la mishnah parle ici de la dixième séfirah "malkhout" ou royaume sur laquelle se reflète la lumière d'en Haut. La lumière en descendant perd de sa force et Malkhout qui est la dernière séfirah reçoit peu par rapport aux autres bien qu'elle en reçoive quand même. Et c'est là où se trouve la leçon: "malkhout" est aux confins du monde matériel, elle est une porte "dalet" vers l'humain, relativement pauvre, et elle représente la "shékhinah", dans sa présence dans le monde.
Pour que la lumière puisse continuer à se réfléchir et à remonter, il faut la nourrir: les bonnes actions des humains y contribuent. C'est la le secret de la richesse.
Ils lui demandèrent: que signifie "Hé"?
Il se mit en colère et leur dit: ne vous ai-je pas dit de ne pas m'interroger sur la dernière chose, avant de m'avoir questionné sur la première?
Ils lui dirent: mais hé vient après!
Il leur répondit: il convenait d'écrire Ghimel avant Hé, mais si on place actuellement Ghimel avant Dalet, c'est pour ne pas confondre Ghimel et Dalet, avant Hé. Cette confusion se produirait, si l'on ajoutait un trait horizontal à la tête du Ghimel. Quant à la lettre Dalet, par sa pointe verticale, elle se trouve déjà dans Hé.
Cette mishnah est une réflexion sur le dessin des lettres. En effet si on prolonge la tête de Ghimel d'un trait horizontal, on obtient Hé. D'un autre côté, le Dalet flanqué d'un trait vertical en avant donne un Hé! Si le trait est long, un waw, on a dw; si le trait est court, un yod, on a dy. Dans les deux cas, il y a une fenêtre plus ou moins grande à gauche en haut, fenêtre du souffle d'en haut qui descend, ou celui d'en bas qui alimente le haut.
Mais la succession Ghimel (mouvement vers), Dalet (le pauvre qui tape à notre porte), Hé (on lui donne le souffle par la fenêtre créée, en haut) est importante car c'est de cela qu'il s'agit.
Et que signifie Hé?
Il leur répondit: il y a un Hé inférieur et un Hé supérieur.
Hé est le souffle. Il y a deux Hé comme on vient de la voir l'un est obtenu par "dw", l'autre par "dy"; il s'agit des deux Hé du nom tétragramme yod/hé/waw/hé. Sur l'Arbre de Vie, le souffle supérieur est en Binah ou Discernement; le souffle du Bas est en Malkhout ou Royaume.
Albert SOUED - 11
mars 2002
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