INITIATION AU BAHIR, LE LIVRE DE LA CLARTE
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LA FÊTE DE SOUKHOT DANS LE BAHIR
Et que signifie dans les versets Deut 22/6-7 "Si tu rencontres en chemin un nid d'oiseaux sur quelque arbre ou à terre, de jeunes oiseaux ou des ufs sur lesquels soit posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec sa couvée. Tu es tenu de laisser envoler la mère, sauf à t'emparer des petits; de la sorte tu seras heureux et tu verras se prolonger tes jours", "sauf à t'emparer des petits"?
Rabbi Reh'oumai répondit: "Il s'agit là des enfants qu'elle a élevés".
Et quels sont ces enfants?
Ce sont les sept jours de Bereshit et les sept jours de la fête des cabanes, et les sept jours de la semaine.
Quelle est la différence entre eux?
Elle consiste en ce qu'ils représentent un degré plus élevé de sainteté, car à leur propos il est écrit dans Lévitique 23/37: "Ce sont là les solennités de l'Eternel que vous célébrerez comme convocations saintes, en offrant des sacrifices à l'Eternel, holocaustes et oblations, victimes et libations, selon le rite de chaque jour"
Serait-ce "Atseret" la fête de
clôture, le huitième jour de la fête des cabanes, le jour de
la "convocation sainte"? Lev 23/36: "Sept jours
durant vous offrirez des sacrifices à l'Eternel. Le huitième
jour vous aurez encore une convocation sainte,
et vous offrirez un sacrifice à l'Eternel: c'est une fête de
clôture, vous n'y ferez aucune oeuvre servile".
Il lui dit: oui! Mais c'en est un, et ce
sont deux, comme il est écrit dans Lev 23/35: "Le
premier jour, convocation sainte: vous ne
ferez aucun oeuvre servile", et à propos du septième jour "convocation
sainte".
Pourquoi la fête de clôture se déroule-t-elle pendant un jour seulement?
En ce jour la Torah fut donnée à Israël, et lorsque la Torah fut créée à l'origine, le Saint Béni Soit-il, régnait seul avec elle dans son Monde, ainsi qu'il est écrit dans Psaumes 111/10: "Le principe de la Sagesse, c'est la crainte de l'Eternel, gage de précieuse bienveillance pour ceux qui s'en inspirent. Sa gloire subsiste à jamais".
Puis D. dit à la Torah "puisqu'il en est ainsi, que ta sainteté soit réservée à toi seule!"
Et que signifie Soukhot?
Il lui dit: Cela correspond à la lettre
Bet, ainsi qu'il est écrit dans Proverbes 24/3: "C'est
par la Sagesse que s'édifie la maison;
c'est par la raison qu'elle se consolide".
Et d'où savons-nous que Soukhot c'est Bet?
Parce qu'il est écrit dans Genèse 33/17: "Quant à Jacob, il se dirigea vers Soukhot; il s'y bâtit une demeure, et pour son bétail, il fit des enclos: c'est pourquoi, l'on appela cet endroit "Soukhot"".
De quoi s'agit-il? Il y a sept questionnements et sept idées différentes qui se rejoignent quelque part.
La première question concerne la préservation de la mère, source de la vie.
Pour certains ce commandement est un décret (gézérah) qui n'a pas besoin d'être commenté et qui n'a pas de rapport avec la miséricorde.
Pour d'autres, il s'agit du respect de la maternité, comme on sauve en priorité la mère en couches au détriment de l'enfant, quand il faut choisir dans un accouchement difficile; ou bien c'est un moyen d'enseigner "les bonnes murs", la miséricorde.
Sur le plan de la qabalah, la mère c'est Binah, le discernement, mère des sept "séfirot" inférieures, qu'on peut appréhender au niveau de l'être humain; mais il faut savoir s'arrêter à Binah dans toute ascension extatique.
On peut également noter le nom du rabbi qui enseigne "Reh'oumaï", en rapport avec la grâce, la miséricorde, le giron de la mère, la matrice; et ceci est un "clin d'il" à tout élève qui se penche sur le texte.
La deuxième question concerne l'engendrement de "sept".
Sept est une certaine plénitude qui se suffit à elle-même; "shéwaa'" c'est être rassasié.
D. est rassasié quand il a créé son Monde et il se repose le septième jour. Il en est de même de l'homme qui travaille et qui se repose le shabat. La fête de Soukhot est "pleine" aussi au bout de sept jours et le séjour dans les cabanes pendant une semaine est suffisant.
La troisième question concerne la différenciation entre ces "sept" (de Soukhot) et deux jours appelés "convocation sainte".
La réponse est donnée dans le texte, puisqu'il s'agit d'un niveau supérieur de sainteté (yoter kédoushah), qui est obtenu par la "téshouvah", le retour sur soi, dans les jours qui précèdent (entre rosh hashanah et kipour); de même l'expiation (par divers moyens décrits) et la réflexion pendant le séjour dans les cabanes aboutit à une explosion de joie, car on aura réussi à "renaître". Ainsi le premier jour et le huitième jour sont des convocations saintes particulières.
La quatrième question concerne "a'tseret", la clôture, comparée au premier jour. (littéralement, il s'agit de la retenue après avoir pressé l'huile, en fait la cessation de travail et le rassemblement pour fêter la fin des travaux).
Sept jours constituent un ensemble, le septième étant saint par assimilation au shabat. Le huitième jour qui s'ajoute au septième est une ouverture vers l'extérieur, une possibilité de renouveau; et il est saint comme le premier jour parce qu'on rassemble le peuple pour la fête et la joie (voir ci-dessus)
La cinquième question concerne l'unité de ce "rassemblement de clôture" appelé "a'tseret".
Le lendemain on commence la lecture du début de la Torah. On vient de faire un tour complet: unité de D., unité de la Torah, unité de la clôture et du rassemblement.
D. a créé le Monde avec la Torah et nous commémorons cette création par la lecture de la Torah étalée sur un an. D'où la sainteté de cette clôture, à l'image de celle de la Torah.
Sur le plan de la qabalah cette crainte de D. (ou yir-ah) est assimilée à la "séfirah" supérieure Kéter ou la Couronne, principe de la suivante Hokhmah, la Sagesse.
La sixième question concerne le mot soukhot, les cabanes, mot qui est comparé à la deuxième lettre de l'alphabet, avec laquelle le texte de la Torah commence.
Béreshit peut vouloir dire à l'intérieur de la pensée de D. il y avait la création. Cette création commence par la séfirah "hokhmah", la Sagesse, et se consolide avec la séfirah "binah", le discernement ou la raison.
La septième et dernière question est relative à la comparaison entre soukhot et bet, la maison.
En fait, Bet est aussi une maison, une intériorité, construite l'une et l'autre avec Sagesse
L'étymologie du mot "soukhah" suggère un lieu de résidence, cabane, hutte ou tente, sous une "couverture", mais une couverture qui permet de "voir" (samekh/khaf/hé). C'est là où se produit la transformation de l'être, en communication avec son Créateur.
Quel rapport entre ces différentes notions passées en revue dans cette mishnah, quelque peu difficile d'accès, et même touffue.
On peut dire que sans la miséricorde de D., l'univers n'aurait pas été créé. Ainsi la grâce, la miséricorde préside à toute création. Après D., l'homme, chaque semaine, chaque année recrée le monde en se recréant. À la fête de Soukhot, à "Shemini A'tséret", nous sommes au bout d'un cycle et à la veille d'un autre, la lecture de la Torah. C'est le moment de l'explosion de la joie, car les travaux sont terminés et on aborde un cycle nouveau, en étant "neuf". En effet la période entre "rosh hashanah" (nouvel an juif) et kipour (jour d'expiation et de pardon), et la période de réflexion dans la cabane "soukah" sont propices à un retour sur soi et à un repositionnement dans la vie par rapport à autrui et à son Créateur.
Albert SOUED - 29 / 1 / 02