INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR
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BILAA'M
Origine du nom
Bilaa'm est le fils Béo'r (celui qui ferme les yeux pour prophétiser) et le petit-fils de Laban, beau-père de Jacob-Israël. Bilaa'm a appris de son grand père toute la sorcellerie de l'époque. Bilaa'm vient de la ville de Pétor ou "table de divination".
Sur le plan sémiologique, Bilaa'm signifie qu'il n'appartient à aucun peuple en particulier (bal a'm, sans peuple), cet homme ayant la réputation d'être un prophète des nations, offrant ses services à qui le payait le mieux. Il se trouve que le roi de Moab, Balaq, de la lignée kénite de Yitro, étant jaloux des performances d'Israël en matière agricole, demande à Bilaa'm de maudire ce peuple. Ce sont là les prémices du récit biblique.
Sur l'échelle de la prophétie-voyance, Bilaa'm se situait à un niveau commun, le plus bas, en ce sens qu'il ne recevait d'information que dans un rêve, la nuit. À titre de comparaison, Abram parlait à D. le jour, à travers une vision, puis devenu Abraham après sa circoncision, il avait un accès direct au divin, ayant de ce fait atteint un des niveaux les plus élevés en matière de prophétie.
De plus Bilaa'm s'adonnait à des pratiques de divination et de sorcellerie acquises auprès de l'Araméen Laban. Aram et Our Qasqim étaient réputées pour la pratique de la magie à cette époque.
Il faut savoir que l'aptitude de la sorcellerie provient de l'esprit impur, de l'Autre Côté, domaine du serpent primordial. C'est la raison pour laquelle on appelle ces techniques de divination "nah'ashim", car elles sont liées au serpent et à son impureté.
Nos maîtres nous enseignent le libre-arbitre: celui qui veut attirer vers lui les bonnes pulsions a une vie et une conduite de sainteté; celui qui transgresse en permanence attire vers lui les mauvaises pulsions. À l'opposé des bonnes pulsions qui sanctifient l'individu, les mauvaises pulsions attirent l'esprit impur. Et c'est ce que recherchait Bilaa'm. Il s'adonnait à des actes répréhensibles la nuit avec son ânesse, pour s'attirer l'esprit impur et pour pouvoir agir de l'Autre Côté. "il prend un serpent, lui tord le cou pour extraire la langue de la tête. Ensuite il brûle des herbes comme encens, coupe la tête du serpent en quatre et immole les morceaux" . Ces pratiques magiques polluaient la victime désignée, car l'impureté se transmet facilement. Bilaa'm traçait un cercle, se positionnant au centre, marmonnant des mots, puis il procédait à des gesticulations dans le but d'entrer en transe. Possédé de l'esprit impur, celui-ci lui transmettait les instructions du dragon céleste. Il continuait dans sa transe jusqu'à entrer en relation avec le Serpent primordial. On vient de décrire l'inspiration de Bilaa'm en matière de divination.
Une des autres techniques utilisées par Bilaa'm était le "mauvais oeil" (voir ci-dessous)
Pourquoi Balaq fait-il appel à Bilaa'm pour exterminer Israël? Pourtant il était réputé lui-même comme un homme compétent en matière de magie et de sorcellerie, même plus compétent que le "prophète des nations" Bilaa'm. Balaq connaissait ses limites et savait que pour venir à bout du "protecteur d'Israël" (la "shékhinah" par le biais de l'archange Michaël), il fallait qu'il obtienne les "formules secrètes" de Bilaa'm, les paroles de divination où celui-ci excellait pour attirer l'impureté.
Mais Bilaa'm savait par ailleurs qu'Israël était "fortement" protégé: "il n'y a ni possibilité de divination, ni possibilité de sorcellerie contre Israël" dit-il à Balaq (Nombres 23/23).
Il faut savoir ici qu'il y a des personnages qui peuvent transmettre la bénédiction divine parce qu'ils ont un "œil bon". Il faut savoir les choisir. Inversement Balaq voulait la perte d'Israël et il a choisi le sorcier Bilaa'm qui a l'"œil mauvais" pour le maudire. En effet, Bilaa'm savait "cligner des yeux" et transformait ainsi une bénédiction en malédiction: il avait un œil plus grand que l'autre, des sourcils en broussaille, une couleur des yeux violette et un regard perfide. C'est le genre d'homme et de regard à éviter.
Ayant perçu que la Protection Divine (shékhinah) couvrait les enfants d'Israël de sa splendeur, comme un père recouvre son fils d'un taleth (châle) pour le protéger, Bilaa'm renonça à cligner des yeux et finit par bénir Israël.
Symboles
L'image du serpent est celle d'un ennemi qui se met en embuscade, attend sa victime, jette son venin puis s'enfuit.
Il y a un adage qui dit qu'il ne faut pas labourer avec un attelage hybride âne/taureau, car on risque d'attirer "le chien" (kélév de valeur 52). Le taureau est l'image de la force de la sorcellerie en action, et l'âne qui brait est celle de la divination. L'association de ces deux techniques attirent "le chien", dont les équivalents guématriques sont "zimah, la perversion, l'inceste, la prostitution, "lizah", la calomnie, "behemah", la bête. Bref l'attelage hybride attire l'esprit impur.
Albert Soued
Novembre 2004
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