LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

LES VISIONS ET LES SYMBOLES DE ZAKHARYAH

Zakharyah ou "D. s'est souvenu", fils de Berékhyah, "genou de D.", fils de I'do, "son témoin" est l'un des trois prophètes qui sont retournés de l'Exil de Babylone, et qui ont prophétisé à partir de la 2ème année du règne de Darius, les deux autres étant H'agay et Malakhy (- 6ème siècle). On l'appelle couramment Zakharyah Méshoullam, car il a fait un parcours "sans faute". Il a contribué à la reconstruction du Temple en apportant sa connaissance pour le positionnement des autels. Il serait l'auteur des derniers psaumes, 137/138 & 145-148. Après ces trois prophètes, l'esprit prophétique aurait disparu de Judée.

D'après Zakharyah, la destruction du Temple et l'Exil ont été provoqués par l'immoralité et les péchés des Judéens. D. leur pardonna après un délai d'expiation et ils purent, grâce à Darius, revenir à Jérusalem pour reconstruire le Temple.

Les chapitres 9/14 seraient antérieurs aux huit premiers et ils sont attribués à un autre Zakharyah, fils de Yébérakhyah, témoin des propos prophétiques d'Isaïe concernant la fin de la Samarie, "maher shalal, h'ash baz" ou "la rapine se dépêche, le pillage se hâte"(- 8ème siècle). Cette deuxième partie est un ensemble hétérogène de prophéties et d'oracles contre les voisins de la Judée et de propos messianiques liés à la survenue d'un rédempteur "arrivant humblement sur un âne" et qui, après avoir rétabli la Judée dans ses droits, parle de paix aux nations. Après maintes péripéties et luttes, le royaume de D. sera installé à partir du mont des Oliviers et sera universel. Jérusalem sera reconnue comme le sanctuaire divin de toutes les nations et les pèlerins du monde entier monteront vers ses collines.

L'analyse qui suit concerne la partie symbolique du livre de Zacharie et se limite aux six premiers chapitres où sont décrites huit visions dont un rêve au chapitre 1.

Introduction

Les six premiers versets du premier chapitre introduisent la symbolique contenue dans les six premiers chapitres. Le roi de Perse Darius est appelé "dar yawesh" qui peut s'écrire soit "wédarash yod", "et il interpréta le yod", soit "dor yesh", "la génération du il y a", celle qui va rétablir le lien avec les trois séphirot supérieures, appelées "yesh" ou "il y a", là où commence la manifestation divine. Le 8ème mois dans la 2ème année est un clin d'œil à 8+2=10, la valeur du yod qu'il faut chercher, scruter et savoir interpréter, mais aussi le nombre des séfirot.

Le retour des Judéens se fera ainsi par le rétablissement de la relation à D.

En effet, le peuple a subi la colère divine (qetsef) ou la limite extrême de la parole (qets pé), soit aussi le silence de D. Cette parole revient quand le peuple fait un retour sur lui. En leur temps, Isaïe et Amos ont appelé en vain les générations précédentes à faire téshouvah.

Chapitre 1

La partie symbolique commence au verset 7. Trois mois se sont écoulés depuis la première apparition divine à Zakharyah. 24/11/02 est le signe de la réapparition de la parole divine dans un rêve à déchiffrer. L'opprimé (dakh=24) sort de sa cachette (h'aba=11), fuit la calomnie (davah=11) ou y reste, c'est à dire "Juda quitte Babylone ou y reste". Un choix doit être fait par la Communauté des Exilés.

Le total des chiffres, soit 37, donne déguel, la bannière, libah ou lahab, la flamme, owl, la force. Le mois de Shébath est celui de la pluie diluvienne et de la destruction. Après celle-ci une force nouvelle peut renaître, une flamme peut rallumer les cœurs et une bannière peut flotter. Le nombre 37 ramène aussi aux dix séfirot et à l'unité du divin.

Le rêve de Zakharyah

Voilà qu'un homme sur un cheval roux se dresse parmi les myrtes, au fond d'une vallée, et derrière lui sont rassemblés des chevaux ayant des robes de couleur variée, roux, brun, blanc. Zakhryah raconte son rêve:

Il y a deux anges intermédiaires dans le rêve, celui qui se trouve dans le cœur et dans l'esprit conscient de Zakharyah et celui qui est à cheval, dans les profondeurs de l'inconscient collectif de son peuple, au milieu des myrtes.

Zakharyah est parmi les exilés; pendant l'exil, dans le chagrin et la douleur, ceux-ci ont su maîtriser le matériel (cheval) et le funeste (couleur brune).

Et D., appelé le Rocher, va répondre comme un écho à l'appel des exilés et va apaiser leur douleur. Les messagers de toutes les couleurs, à l'image de la variété humaine, rapportent de leur parcours que tout est calme, que les nations demeurent dans le mal et la perversité, "business as usual", que rien n'a changé pour elles.

D. va compatir pour son peuple et rebâtir sa maison. Il y a quatre "o'd" (de plus) dans le dernier verset; deux "o'd" confirment qu'il s'agit d'un rêve nocturne, les deux autres indiquent que ce verset constitue un fondement secret. En effet la valeur numérique de o'd est 80; il en est de même de "dans le rêve", "de la nuit", "fondement", "secret".

Ce fondement secret c'est l'espoir que D. a mis dans le cœur et l'esprit de son peuple pour la construction de SA MAISON à Jérusalem, le bien qui sera répandu sur les villes, le réconfort de Sion et le choix de Jérusalem.

Chapitre 2

Dans cette vision Zakharyah voit quatre cornes.

  • "Vibres et réjouis-toi, fille de Sion, car je viens en ton sein pour y résider, selon le serment divin. De nombreux peuples ont rejoint D. en ce jour, devenant mon peuple. Et j'ai résidé en ton sein pour que tu saches que D. des armées m'a envoyé vers toi! D. a donné en héritage à Juda sa part en Terre Sainte et il a de plus élu Jérusalem. Que toute chair fasse silence devant D. car Il émerge du Lieu de Sa Sainteté!"
  • Zacharie annonce à trois reprises le chiffre 4: les cornes, les artisans, les vents, révélant par là que sa vision est rationnelle et qu'il n'y a pas de place pour l'imaginaire. Il faut néanmoins décoder les images symboliques telles que corne, artisan transformateur, cordeau, muraille de feu.

    On assiste ici à la phase "retour" du cycle péché-exil-retour-reconstruction du Temple. D. pardonne à Juda qui va rentrer chez lui, à Jérusalem. Cette ville n'a plus besoin de murailles puisque la Shékhinah y est descendue pour la protéger!

    Les quatre cornes sont les forces offensives qui ont exilé aussi bien Juda et Jérusalem qu'Israël: Assyrie, Babylone, Médée, Perse. Les 4 artisans graveurs sont des hommes doués d'intelligence, d'intuition et de connaissance, qui par leur art et leur savoir vont réussir à renverser le sort à Babel en faveur de Juda (Daniel, H'anania, Mishael et A'zaria). Les 4 vents sont liés aux points cardinaux. Les cornes, les artisans, les vents sont les instruments de D. qui intervient dans l'univers créé.

    Le jeune géomètre qui cherche à contenir Jérusalem dans des limites physiques est dans l'erreur, car il n'est pas dans la "voie de D.". Le cordeau mesure et trace des limites. La ville est désormais ouverte, protégée par le feu de la Shékhinah elle-même! La muraille de feu est le signe apparent et transmissible de l'unité divine.

    Juda a répondu à l'appel du retour de Babel. Les dix autres tribus n'ont pas répondu à ce jour et sont restées dans la dispersion des pays du Nord. En fait les tribus d'Israël resteront en Exil plus longtemps, car elles ont péché plus longtemps et plus profondément.

    Le mot "Hoy" (h/w/y) répété trois fois est un clin d'œil au lien "waw" entre "yod", aspect masculin du divin immanent appelé adonay et "hé", aspect féminin ou shékhinah.

    Ceci est confirmé dans le dernier paragraphe où celui qui s'exprime par "je" est l'aspect féminin du divin, la shékhinah envoyée par adonay pour résider au milieu de son peuple. Le dernier verset est une allusion à l'époque messianique d'unification du divin dans ses deux aspects.

    Chapitre 3

    Dans ce chapitre court apparaissent deux personnages, le grand prêtre Josué et à sa droite Satan, prêt à l'accabler de toutes les déviations de la terre, pour l'empêcher de faire un Retour, retour à Jérusalem et retour sur Soi. Par l'intermédiaire de son ange, l'Eternel manifeste sa colère à Satan, car il fait confiance à Josué. N'était-il pas un tison sauvé du feu, contenant en lui encore une étincelle prête à s'enflammer. Et ceci malgré le fait qu'il ait dévié du droit chemin dans le passé (Josué porte des vêtements souillés). Ordre est donc donné à Satan de débarrasser Josué de son emprise et de ce fait, de le débarrasser de ses péchés. Cet ordre est transmis à la Communauté des Exilés qui forme la toile de fond de cette nouvelle vision. On habille Josué de nouveaux vêtements neufs et propres, signe d'une résolution nouvelle et on l'orne d'une belle tiare, signe de ses nouvelles fonctions. Josué doit présider à la reconstruction du Temple et l'inaugurer avec Zéroubabel.

    Par l'intermédiaire de son ange, l'Eternel propose un marché à Josué: celui-ci doit prendre ses distances de Satan pour pouvoir figurer parmi les Justes; le moyen pratique proposé est de suivre les commandements, notamment ceux relatifs au Temple. S'adressant également à la Communauté des Exilés, l'ange de D. annonce l'arrivée miraculeuse (l'ange s'adresse à des gens hors du commun, des Justes) du rejeton (tsemah'), le Messie qui doit apporter le salut (yéshoua'h, anagramme de Josué, nom suivi d'un arrêt dans la cantilation, pour qu'on s'y arrête et qu'on médite). La Tradition l'assimile à Zéroubabel, considéré comme l'oint; il faut rappeler qu'à cette époque, le sens de mashiah' était encore limité à celui qui allait reconstruire le Temple et rétablir la Judée dans ses droits sur sa terre.

    L'ange a posé devant Josué une pierre ayant sept yeux; cette pierre unique et durable est l'image des trois séfirot supérieures, les sept yeux étant l'image des sept autres séfirot. Le verset commence par "ky" suivi d'un arrêt de cantilation: ky a comme valeur 30, valeur des mots Yéhoudah (Juda) et H'azyah (vision); ceci nous confirme que nous sommes dans une vision d'avenir concernant le destin de Juda! D. s'engage à ouvrir ces yeux/attributs, ou à libérer la matière de la pierre, donc à permettre le retour des Judéens et à effacer l'iniquité (o'n) qui a provoqué l'Exil. En fait le mot o'n est aussi la source de l'Autre Côté qui empêche la connaissance de se répandre, agissant comme Satan; on sait que l'Autre Côté disparaîtra lors des temps messianiques.

    Ainsi cette vision a un double sens, un sens concret et immédiat de retour des exilés dans leur terre, mais elle introduit aussi un sens eschatologique d'apparition messianique. "Vous vous convierez l'un l'autre sous la vigne et sous le figuier" est l'image d'une remontée directe de l'Arbre de Vie, puisque la vigne est l'image de l'attribut central Tifeéret ou Beauté, et le figuier est le signe du Fondement Yésod. Israël est celui qui va tout droit vers El (yashar el), en remontant l'axe central de l'Arbre de Vie.

    Chapitre 4

    Ce chapitre réintroduit l'ange intérieur qui "cause" avec Zakharyah et le réveille de sa somnolence (ou de sa cécité). Il lui demande ce qu'il voit. Zakharyah a la vision d'un chandelier tout en or, avec son réservoir d'alimentation au dessus, avec 7 lumières et 7 conduits d'alimentation, sept! Deux oliviers l'encadrent (pour fournir l'huile), à droite et à gauche du réservoir. Cette vision concerne les rapports de D. avec Zéroubabel: Jérusalem et le Temple ne seront reconstruits "ni par la puissance, ni par la force, mais par mon esprit", lui dit-il.

    La ménorah est une totalité comprenant un feu intérieur (zahav) et un feu extérieur, les sept lumières qui représentent les sept séfirot inférieures; les deux oliviers sont l'image de la sagesse et du discernement, deux séfirot supérieures formant cette connaissance qui se concrétise dans les sept lumières en s'y déversant; la pierre faîtière, unique, est l'image de la couronne, kéter. En se dévoilant par l'esprit, à travers l'Arbre de Vie, la Shékhinah pourra se confondre avec la Communauté d'Israël qui fait téshouva. Le mot h'en de valeur 58 est répété deux fois et il signifie la grâce. Il a comme équivalents deux mots significatifs, "haéven", soit "et la pierre" et "yitshar", soit "l'huile de première pression qui brille"; la grâce concerne bien cette huile/rosée qui suinte de la tête/pierre vers les autres séfirot et qui brille en les faisant briller. D. va à la rencontre de la téshouvah de la Communauté des Exilés. D. va à la rencontre de la shékhinah libérée de l'Exil ou de la prison du Mal.

    Suit l'intronisation de Zéroubabel à côté duquel une montagne n'est qu'une vallée et dont les mains assureront le fondement du Temple, signe d'intervention divine. Cette reconstruction sera progressive et la pierre à sept yeux du chapitre précédent apparaît comme la pierre de niveau, assurant le fondement du Temple. Il y a donc une similitude entre celui-ci et l'Arbre de Vie.

    Les deux voies tracées pour la reconstruction du Temple sont la voie de la prêtrise avec Josué et la voie politique ou civile avec Zéroubabel, les deux hommes devant s'entendre entre eux pour que la construction tienne! Il faut trouver l'équilibre dans la dualité de la vie, en étant éclairé par la lumière d'en haut.

    Chapitre 5

    Dans ce chapitre il y a deux visions distinctes. C'est l'ange "qui parle en lui" qui montre et qui explique à Zakharyah sa vision.

    Dans l'une d'elles, Zakharyah voit un rouleau de 20 coudées de long et de 10 coudées de diamètre. L'ange lui explique qu'il s'agit de la Malédiction (ou du serment "alah"). Elle est sortie à la surface de la terre pour sévir contre le voleur et contre le parjure (celui qui viole son serment).

    Le rouleau est l'image de l'inconscient qui se dévoile en se déversant comme un déluge trop longtemps contenu. Les chiffres 10/20 sont les valeurs de la lettre yod en simple et en déployé (yod/waw/dalet). Ce rouleau expliqué comme "alah" signifie également le serment, celui de suivre les dix commandements. Et la sentence de punition ici ne concerne que deux d'entre eux, le vol et le parjure. La destruction du bois et de la pierre de la demeure est une allusion au retour des judéens au paganisme et au polythéisme, malgré le serment de n'adorer qu'un Dieu sans image. La malédiction s'attaque à l'habitation du voleur, car celle-ci contient aussi le produit du vol. Le rouleau qui vole détruit la maison du voleur (jeu de mots en français). Le rouleau se déploie comme une onde qui attend le mouvement de reflux ou "téshouvah".

    Les dimensions 20x10 coudées sont aussi celles du Saint des Saints du Temple. Or l'arche contenant les Tables de la Loi était au centre de ce lieu saint. Le rouleau volant pourrait être aussi l'image de ce Saint avec ses tables, enroulés ensemble et volant pour appliquer la Loi, puisque le Temple n'existe plus, puisque détruit.

    Dans la deuxième vision, l'ange montre un récipient ou un couffin (mesure représentant un volume de l'ordre de 45 litres) que toute la terre regarde. Voilà que la couverture, une chape de plomb, s'entrouvre et on découvre une femme assise à l'intérieur. Elle est désignée comme la Méchanceté, rejetée au fond du couffin, scellé par la chape de plomb. Mais voilà qu'apparaissent deux femmes ailées avec des ailes de cigogne, soulevées par le vent et soulevant le couffin entre ciel et terre. A la question "où vont-elles?", l'ange explique qu'elles vont construire à la Méchanceté une Maison au pays de Shinéa'r (Babel), pour la contenir dans une résidence fixe.

    Dans la majeure partie de la Bible, le couffin "eyfah" est l'image de la mesure de capacité qui occasionne le vol, car elle n'est jamais "juste". Cette vision serait donc une suite de la première relative au parjure et au vol. Comme le vol à travers l'"eifah" est une pratique commune et générale, elle représente donc le "Mal" ou la "Méchanceté" et il faut donc l'isoler et la "bétonner", comme une matière dangereuse. Où? À Babel, source du mal, ville de l'arrogance et de la vanité.

    Mais il y a au moins une autre interprétation. Dans Ruth 2/17, Ruth la Moabite glane dans les champs de Boaz et ramasse une "eiffah' de céréales. Ici la mesure est celle de la miséricorde. Ceci nous amène à penser qu'au fond du couffin, la Méchanceté peut être transformée par la compassion (la cigogne s'appelle h'assidah). Le plomb peut devenir aussi léger que la poussière (a'far, afar). Le panier-couffin qui s'envole est l'image universelle d'une transformation à partir des instincts les plus bas (le plomb) dans la direction de l'esprit. Par miracle, la Méchanceté s'envole et s'éveille en se dédoublant en des femmes pieuses et pures. Le lieu "Shinéa'r" peut être aussi lu "shinraa'", soit "transformer le mal". La transformation est rare mais possible; sans espoir, il n'y aurait que la mort comme issue. De plus, tout au long du livre, la racine "lashouv" est répétée et elle signifie le retour, retour sur soi et retour vers D.

    Chapitre 6

    La sixième et dernière vision de Zacharie est complexe et étrange; elle pourrait être un rêve mais le texte ne le dit pas. Zacharie 6/1à 5:

    "De nouveau, je levai les yeux pour regarder, et voici que quatre chars sortaient d'entre les deux montagnes; or, ces montagnes étaient des montagnes d'airain. Au premier char, il y avait des chevaux roux, au second char des chevaux noirs; au troisième char des chevaux blancs et au quatrième char des chevaux tachetés brun.

    Je pris la parole et dis à l'ange qui conversait avec moi : "Que représentent ceux-là, Seigneur ?"

    L'ange répliqua en me disant : "Ce sont les quatre vents du ciel qui sortent, après s'être présentés devant le Maître de toute la terre."

    Cette vision nous confronte à nouveau avec des chevaux de couleur variée. Dans cette vision, les chevaux tirent des chars et s'envolent entre des montagnes d'airain.

    Toutes les forces psychiques de l'être se mettent en action dans cette vision. Le vent spirituel souffle avec force dans la vallée du passage et de la rencontre possible, entre les montagnes de la dualité.

    L'être humain est devant des choix cruciaux dans son évolution. Les montagnes d'airain résonnent à nos choix. L'airain étant un métal duel, il reflète les deux aspects de ces montagnes dont l'une est l'image de la bénédiction et l'autre celle de la malédiction.

    La vallée représente le point bas, l'Exil qui semble être un passage obligé vers la rénovation de l'être et sa libération, ou vers une déchéance insondable.

    Zacharie 6/6.8:

    "Pour ce qui est du char où sont les chevaux noirs, ils prirent leur course vers le pays du Nord, les blancs suivirent leurs traces ; quant aux tachetés, ils s'en allèrent vers le pays du Sud. Et les bruns sortirent (à leur tour), demandant à aller parcourir la terre.

    Et il dit: "Allez et parcourez la terre!" Et ils se mirent à parcourir la terre. Puis, il m'apostropha et me parla en ces termes : "Vois, ceux qui s'en vont vers le pays du Nord, apaisent mon esprit dans le pays du Nord." (en y exerçant ma vengeance)

    Les chevaux sont ici des messagers, notamment ceux qui vont et viennent pour assurer le lien les nations et entre les nations et leur créateur. Les chevaux semblent être des êtres angéliques.

    Une première explication à portée de main serait que les chevaux noirs se dirigeant vers le Nord, région d'où vient le malheur, soient la cohorte de l'ange du châtiment qui part sévir et détruire. Cette cohorte est suivie par celle de l'Ange de la Mort, représentée par les chevaux blancs, qui doivent achever le travail. Les chevaux tachetés se dirigent au Sud vers les régions de la lumière et de la Connaissance du divin et sont l'image des anges "instructeurs". Les chevaux bruns ou les alézans vont et viennent: ils sont les anges gardiens des nations et des hommes.

    Une autre explication plus symbolique est que cette vision résume le processus de stimulation permettant d'accéder à la connaissance du divin. On l'a vu au chapitre 1, cet exercice est périlleux. La première phase est une descente vers l'intérieur de son être, à la recherche de son inconscient. Il est représenté par les chevaux noirs se dirigeant au nord, image des régions secrètes. Cette première phase est suivie par une vacuité en soi, un abandon de ses forces et une peur morbide, proche de la mort, représentée par les chevaux blancs. Puis l'imagination se met en action et la pensée remonte vers des régions chaudes et ensoleillées. Les chevaux sont alors tachetés. On parvient enfin à la lumière des visions et à la lucidité de l'esprit: les chevaux bruns parcourent tout le spectre de la vision.

    Les six derniers versets sont la conclusion de ces six chapitres symboliques et concernent le retour de la communauté exilée, du point bas du polythéisme et de la magie vers le monothéisme mosaïque de yod/hé/waw/hé. Pour cela il faut un gouvernement exemplaire, d'un côté, le "cohen gadol" Josué, de l'autre le bourgeon qui va fleurir, "Zéroubabel" ou le Messie; et ils doivent s'entendre entre eux pour "obtenir la paix". Il faut savoir vivre sa dualité en maintenant l'équilibre entre la gauche et la droite.

    Pour reconstruire le Temple, on a besoin de la bonne volonté mais aussi des dons de 4 personnages de la Communauté des Exilés; ces dons serviront d'abord à fabriquer les couronnes de l'équilibre (or/argent) qui doivent ceindre et consacrer le grand prêtre Josué. Ces couronnes sont celles d'en bas, celles qui doivent couronner les prêtres successifs. Le texte annonce à nouveau l'arrivée du "rejeton" (tsemah'), Zéroubabel ou le Messie "et il germera de sa place pour bâtir le Temple de l'Eternel". Le grand prêtre ne doit pas prendre ombrage de la suprématie du Messie qui sera porteur de la couronne d'en haut et "oui, c'est lui qui bâtira le Temple de l'Eternel, il en retirera de la gloire, il s'assoira et régnera sur son trône…". Celui qui règne doit donner l'"exemple"…!

    Il y a lieu de remarquer ici la transformation des noms de deux donateurs sur quatre, lorsqu'il s'agit de conserver les couronnes à leur mémoire:

    Conclusions succinctes

    Les visions de Zakharyah induisent un retour vers D. et vers Soi pour retrouver l'énergie nécessaire à la libération de l'étau de l'Exil. Après que les exilés se soient repentis, D. se ravise au bout de 70 ans d'exil, et déploie sa grâce et sa bonté sur le peuple judéen. Un rejeton de l'Arbre doit apparaître pour construire le Temple et pour rétablir les droits de Juda sur sa terre et à Jérusalem devenue ville ouverte. Néanmoins l'arrivée d'un oint a un double sens: un sens tangible où Zéroubabel a le pouvoir temporel de reconstruire et de régner, à côté d'un grand prêtre rédimé et lavé de tout soupçon, et un sens eschatologique lorsqu'on annonce des temps messianiques où le Mal sera éliminé ou contenu. Le Temple est une construction concrète qui est à l'image d'une autre plus éthérée, celle d'un Arbre d'une Vie nouvelle.

    Zakharyah apparaît ainsi comme l'éminent prophète de la "téshouvah" à partir du paganisme et de la superstition magique et celui du retour de Babel vers la Terre de nouveau promise.

    Albert SOUED- 7-6-2000

    Voir aussi la conférence "le voyage de Jonas"

    Voir aussi l'échelle de Jacob

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