TRIBUS PERDUES ET RETROUVEES

 

SAMBATYON

 

Les tribus du royaume d’Israël ont été exilées en –722 par Nabukhanetsar et ont disparu, vers l’Est, au delà d’une rivière mystérieuse appelée Sambatyon, selon la légende. Selon les prophéties d’Isaïe, de Jérémie et d’Ezéchiel, ces tribus éparpillées dans le monde se rassembleront en prévision de la venue du Messie.

 

Fortement enracinée dans l’inconscient juif, cette croyance a suscité des volontés de recherche de ces tribus tout au long de l’exil qui a duré 27 siècles, et encore aujourd'hui ! Ces recherches se sont accélérées au 18/19ème siècle sous l’impulsion de missionnaires chrétiens qui cherchaient à convertir ces âmes éparses déjà monothéistes. Curieusement c’est grâce souvent au travail des missionnaires chrétiens que ces « restes d’Israël » ont recouvré leur judéité et leurs liens avec les autres juifs du monde. 

Sambatyon est mentionnée dans la Tradition par l’exégèse du Targoum pseudo Jonathan Exode 34/10 : « Je les prendrai d’ici et je les placerai de l’autre côté de la rivière Sambatyon ».

Selon  le midrash (enseignement), les tribus ont été exilées trois fois : une fois de l’autre côté du Sambatyon, une fois à Dafné d’Antioche et une dernière fois « quand le nuage divin descendit au-dessus d’eux et les couvrit » Ce sont les trois exils successifs recensés dans l'histoire.

Dans Sanhedrin 65b, le Talmud décrit le fonctionnement de cette rivière. « On ne peut la traverser les jours ordinaires car elle coule en torrent charriant des blocs de pierre avec une grande force. On ne peut la traverser quand elle est calme le shabat, jour sacré ». Nahmanide donne une définition du nom du fleuve Gozan, assimilé au Sambatyon (IRois 17/6), « déplacé du reste du peuple ». Gozan serait une rivière du Nord de la Syrie ou le fleuve Indus. Le mot Sambatyon viendrait de "shabat", jour de repos pour la rivière et pour les hommes.

Pline l’Ancien, historien du début de l’ère courante a décrit cette rivière dans son Histoire Naturelle. La rivière coule en torrent pendant 6 jours et se calme le 7ème empêchant ainsi les tribus juives de revenir de leur exil.

Dans son livre "la guerre des Juifs", Flavius Josephe, un autre historien de l’époque, propose un fonctionnement inverse. « Cette rivière est un lit sec pendant 6 jours, puis elle se déchaîne le 7ème jour, et ceci avec une grande régularité, c’est pourquoi elle est appelée la rivière du shabat ou Sambatyon ».

Pour le voyageur Eldad Ha Dani (9ème siècle) qui partit à leur recherche, les tribus de Naftali,  Gad,  Asher et Dan vivent en Afrique Orientale, dans une région riche et ils sont constamment en guerre avec leurs voisins. Ils sont séparés de leurs frères, enfants de Moïse, par une seule rivière, le Sambatyon.

Il décrit celle-ci de la manière suivante : « Les enfants de Moïse sont entourés par une rivière de roches qui ressemble à une forteresse ne contenant pas d’eau mais du sable et des pierres qui roulent avec une grande force. Cette force est telle que si elle rencontrait une montagne de fer elle la réduirait en poudre sans difficulté. Au coucher du soleil le vendredi un nuage entoure la rivière de façon que personne ne puisse la traverser. A la fin du shabat, la rivière reprend son cours normal de torrent. Sa largeur est de 100m, mais à certains endroits, elle n’est que de 60 m. A ces endroits, on peut parler aux enfants de Moïse, mais sans que personne ne puisse traverser ! »

Le Sambatyon serait donc une séparation ou un obstacle empêchant les tribus exilées d'Israël de revenir de leur exil. Barrière physique ou psychique, ou simplement celle de l'oubli. Il resterait néanmoins une fenêtre d'opportunité de retour, celle des temps messianiques.

 

Sources

Encyclopedia JudaicaKountras

Les Cahiers du Judaïsme – N° 10

 Albert Soued – Novembre 2002

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