TRIBUS PERDUES ET RETROUVEES
LES BNE YISRAEL DU
KONKIN ET DE BOMBAY
Localisation de la Tribu et population
Les Bné
Yisrael sont installés sur la côte occidentale de lInde au Konkin, dans
la région de Bombay et dans la ville Bombay. On les appelle « Shanwari
Teli », cest à dire les presseurs dhuile de sésame du samedi,
car justement ils sabstenaient de travailler ce jour là. En 1830 on comptait
600 familles à Bombay et 8000 familles au Konkin, soit environ 30 000 âmes.
Aujourdhui ils ne sont plus que 5000, pratiquement tous à Bombay, les
autres ayant émigré en Israël (12 000) ou dans les pays anglo-saxons.
De carnation
sombre, les Bné Yisrael se divisent en « blancs » ou Gora et en « noirs »
ou Kala qui ont la peau plus foncée. Les mariages sont interdits entre les deux
communautés. Ce comportement de caste est naturel en Inde où les Bné Yisrael
sont considérés comme appartenant à une caste inférieure par les hindous.
Ils sont
agriculteurs, commerçants, artisans ou bijoutiers et sont relativement aisés
par rapport à leurs concitoyens.
Coutumes et lois
Les Bné
Yisrael sont circoncis et ils observent les fêtes principales, la cashrout (ils
ne mangent pas de porc et non plus de buf), le shabat, la prière de « Shémaa
Israel », mais pas les lois rabbiniques, ce qui tendrait à créditer lhypothèse
quils avaient émigré en Inde avant la destruction du second Temple.
Jusquau
17ème siècle, ils navaient pas conservé des rouleaux de la
Torah ; ceux-ci leur sont parvenus quand ils sont entrés en contact avec
les Juifs séfarades dEspagne et du Portugal, venus à la faveur de la colonisation
hollandaise de 1663 . Leur respect des lois rabbiniques sest fait
au contact des Juifs de Cochin à la fin du 18ème siècle (voir ci-dessous),
grâce auxquels ils réapprennent lhébreu et commencent à construire des
synagogues. A partir de 1863, grâce à la famille Sassoun de Bagdad, ils ont
des institutions denseignement cultuel et culturel.
Ils nont
ni lévi ni cohen. Ils marient leurs enfants très jeunes, dès lâge de trois
ans. Leur liturgie est enrichie de poèmes et de chants en marathi et dinspiration
locale.
Les solennités
des Bné Yisrael sont les suivantes :
-
Le jour
de lan ou Rosh Hashana est appelé Naviasha San
-
La fête
du Grand Pardon ou Kipour est appelé « jour des portes fermées » ou
Dafanisha San, lors duquel on se purifie dans un bain à deux reprises et on
jeûne pendant 26h. Le lendemain on séchange des douceurs lors du Shila
San.
-
Le festival
de Soukot ou des Tabernacles est appelé Kirisha San, lors duquel on brûle de
lencens et on mange un gâteau de riz donné en offrande.
-
La fête
de la Pâque ou Anashi Dahasha San, « fête des récipients fermés »
qui dure 8 jours où on sabstient de tout produit fermenté ; par contre
le pain azyme est inconnu.
-
Le jeûne
dEsther ou Holisha San est pratiqué, mais pas la fête de Pourim.
Origine et légende tribale
Les Bné
Yisrael auraient quitté la Galilée au temps du roi Salomon, mais aussi après
les persécutions dAntiochus Epiphane en 175, ou après la destruction
du 2ème Temple. Partis en bateau, ils se seraient échoués sur les
côtes du Konkin, près de la ville de Navgaon ; seuls 7 femmes et 7 hommes
auraient survécu au naufrage.
La trace
la plus ancienne consiste en deux plaques de cuivre datant du 10ème
siècle qui donnent la liste des privilèges accordés à un certain Joseph
Raban par le Maharaja local. Celui-ci lui promet que "son village restera
Juif aussi longtemps que la lune brillera et que le monde existera".
Daprès
la légende, le premier à avoir réinitié les Bné Yisrael au Judaïsme serait le
rabbin David Rahibi venant de Cochin en 1790. En fait, cest larrivée
des missionnaires anglicans qui incita les Bné Yisrael à retrouver leur judaïsme.
Les Juifs de Cochin
De carnation
foncée, les Juifs de Cochin et de la côte Malabar sont les descendants des Judéens,
emmenés en captivité à Babylone, après la destruction du 1er Temple
par Nabuchonodosor. Ils ne seraient pas revenus reconstruire le 2ème
Temple. Ils nappartiendraient pas ainsi à une tribu perdue. Contrairement
aux Bné Yisrael, ils seraient restés en contact avec les communautés juives
du Caire et du Yémen dont certains seraient issus. Ils sont appelés « black
jews ».
En 1830,
ils représentaient 1500 familles ; un siècle plus tard, ils étaient 2500
personnes qui ont tous émigré soit en Israël, soit en Grande Bretagne. Les 2000
Juifs originaires de Bagdad, de Basra et dAlep sont appelés « bagdadis »
ou « white jews ».
Les « black
jews » de Cochin connaissent lhébreu et se conforment aux règles
rabbiniques. Ils sont spécialisés dans la mécanique et dans le commerce dépices.
Ils sont très aisés et ils ont acquis des droits réservés aux castes supérieures.
Il existe
aussi à Cochin danciens esclaves émancipés ou fils de Juifs blancs ayant
épousé leurs esclaves indigènes. On les appelle les « méshouhrarim ».
Les esclaves indigènes non émancipés sont appelés « avadim ». Ils
ont adopté la religion de leurs maîtres blancs.
Les Juifs
de Cochin ont toujours eu des relations pacifiques avec leurs voisins indiens,
sauf pendant la période d'occupation portugaise où ils ont été persécutés
mais
le maharaja local leur a offert sa protection
Les Juifs
de Cochin parlent une langue locale, le malayalam. Malgré l'interdiction apportée
par le Talmud, les femmes ont continué à chanter en public, à
différentes occasions religieuses. Elles apportaient ainsi leurs impressions
bibliques et leurs sentiments devant les hommes. Elles témoignaient d'une grande
culture, réservée ailleurs aux hommes. On aurait réussi à préserver 25 cahiers
contenant 260 chansons différentes. L'une des plus populaires exalte la beauté
de la fiancée, lors de la cérémonie du mariage:
"L'or
se reflète sur ton visage,
Bel
oiseau de l'aube!
Tu
brilles sous les diamants;
Le
camphre et l'eau de rose se mêlent,
Pour
que tu exhales une fraîche senteur!
De
soie verte tu es vêtue,
Toi
la bénie de D.!"
Témoignages et sources
Encyclopedia judaica
Jewish encyclopedia
Les cahiers du Judaïsme n° 10 - automne
2001
" The thirteenth gqte " par
Tudor Parfitt - ed Weindenfeld and Nicolson -1987
Le Monde 7/9/1984
The International Jerusalem Post - 4/10/2002
Albert Soued Novembre 2002