INITIATION
AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR
LE ZOHAR ET LES
FRUITS
--
TOUT FRUIT
L'introduction
du Zohar a pour but faire entrer le lecteur au sein du cercle de Rabbi Shimeo'n
Bar Yoh'ay et ses collègues pour lui donner une idée du contenu de leurs
discussions. Ce texte introductif est un discours plus fantasque que le Zohar
lui-même.
1er
Précepte de la qabalah
Ainsi
l'ouverture de Rabbi Hizikiah est une citation du Cantique des Cantiques chap2/2: "Comme une rose parmi
les épines, telle est mon amie parmi les jeunes filles"
- La
rose (Shoshanah) est l'image de la Communauté d'Israël. Comme une rose est
teintée de rouge et de blanc, la Communauté d'Israël est visitée tantôt par la
rigueur (de la justice), tantôt par la clémence (ou miséricorde) (1).
La
Communauté d'Israël est entourée par 13 mesures de miséricorde qui la protègent
de tout côté. La 1ère mention du mot "Elohim" dans la
Genèse est séparée de la suivante par 13 mots et ces mots sont l'image des 13
mesures mentionnées (voir Exode 34/6-7) (2). Ces mesures ont pour image les 13
pétales de rose qui sentent bon.
- La
2ème mention du nom "Elohim" est séparée de la 3ème
par 5 mots, images des 5 sépales qui entourent cette rose, symboles des 5 voies
du salut, des 5 portails (3).
Psaume
116/13: "Je lèverai la coupe du salut et proclamerai le nom de
l'Eternel", coupe de la bénédiction levée entre les 5 doigts, image de
la rose garnie de 5 sépales.
- A
la 3ème mention du nom "Elohim", la lumière apparaît et elle
est enclose dans cette alliance qui pénètre la rose et la fructifie, et c'est
ce qui est appelé dans la Genèse 1/12: "La terre donna naissance aux
végétaux, aux herbes qui développent leur semence selon leur espèce, et aux
arbres portant, selon leur espèce, un fruit qui renferme sa semence"
Cette
semence ou noyau du fruit est cachée au fond de cette première alliance de D
avec lui-même. Sur le plan symbolique l'alliance est représentée par la séfirah
Yesod, qui relie l'aspect masculin du divin (Tifeéret) à son aspect féminin (Malkhout
ou shékhinah ou Communauté d'Israël) (4)
Et
comme une alliance idéale résulte de 42 copulations, le nom ineffable est formé
des 42 lettres de la création de l'univers, les 42 premières lettres de la
Torah, allant de Bet de Bereshit au Bet de Bohou. Beyt est "une
maison" qui contient toute la Torah et toute la création (5).
Ainsi
la création est un phénomène au sein du divin lui-même dont l'image est le
fruit de l'arbre.
(Haqdamat
hazohar)
10ème
précepte de la qabalah
Ce
précepte consiste à porter les phylactères ou "téfiline", pour
atteindre la perfection de l'image divine, puisque D créa l'homme à son image;
puis cet homme s'est corrompu. Rabbi Shiméo'n cite le Cantique des Cantiques
7/6: "Ta tête est posée sur toi, pareille au Carmel, les boucles de tes
cheveux ressemblent à l'écarlate, un roi serait enchaîné par ces boucles"
Ce
verset fait référence au phylactère de tête qui contient 4 passages de la
Torah, chacun dans un compartiment et chacun représentant une lettre du nom
tétragramme de D.
Le 1er
passage de la Torah concerne la consécration des premiers nés, prémisses des
entrailles, il s'agit d'Exode 13/1-10, notamment le verset 2. Il est l'image de
la première lettre Yod, symbole de la séfirah Hokhmah, la Sagesse qui pénètre
dans la séfirah Binah (dont l'image est le Hé et le sens est le discernement),
pour la fructifier, à travers la séfirah "cachée" Daat, la
connaissance (6)
11ème
précepte de la qabalah
Ce
précepte concerne la dîme qui doit être donnée aux prêtres. Cette dîme provient
du produit de la terre et des premiers fruits des arbres. Lévitique
27/30: "Toute dîme de la terre prélevée sur la semence du sol ou sur le
fruit des arbres appartient à l'Eternel, elle lui est consacrée"
Il
s'agit des prémices données aux Lévi.
12ème
précepte de la qabalah
Il
concerne les offrandes des fruits de l'arbre, sous-entendues dans le verset Genèse
1/12: "La terre donna naissance aux végétaux, aux herbes qui
développent leur semence selon leur espèce, et aux arbres portant, selon leur
espèce, un
fruit qui renferme sa semence"
D
permet aux Lévi de prendre sa part à lui du produit de la terre. Il faut
rappeler que sur un cycle de 7ans, les prémices de la 3ème et de la
6ème année sont données aux pauvres. Dans le Gan Eden, Adam et Eve
recevaient eux aussi les premiers fruits.
(Haqdamat
hazohar)
Genèse 1/11: " D dit "que la terre produise des végétaux, savoir des herbes
renfermant une semence; des arbres fruitiers portant selon leur espèce un fruit
qui perpétue sa semence sur la terre" et cela s'accomplit"
"Un
arbre fruitier portant un fruit" sous-entend la combinaison du masculin et
du féminin
L'arbre
fruitier est aussi l'arbre de la connaissance du bien et du mal qui s'épanouit,
fleurit et porte des fruits. "Portant un fruit" c'est le Tsadiq, le
Juste fondement du monde. "Selon son espèce", tout être humain qui
porte en lui l'esprit de sainteté.
La
marque de cet esprit est la sainte alliance, l'alliance de paix. Quand on y
entre on ne s'en sépare pas (alliance de la circoncision).
Les
âmes nouvelles ou fruits sont issues du plérôme divin ou "phallus
divin" dont l'image au niveau du monde intermédiaire est la séfirah yesod.
Quand un bébé est circoncis, il est lié par alliance à sa source. Quand il est
circoncis le 8ème jour (milah), il ressemble à sa mère, la shékhinah
(8ème séfirah depuis Binah). Quand la chair (membrane ou muqueuse)
est retournée, elle révèle la couronne et la marque de l'alliance (7), et là le
bébé ressemble à son père. L'"arbre fruitier" est la mère,
"produit" est le père, le "fruit" est la sainte alliance et
"selon leur espèce" est la ressemblance au père.
(Zohar I/15b-33a)
Genèse 3/3: "mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin,
D a dit "vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez point sous peine de
mourir"
Rabbi
Jose dit que cet arbre particulier du milieu du Jardin était soigné et nourri par
en Haut, comme il est dit qu'une rivière venant de l'Eden arrosait le jardin. Le
flux émanant de Keter parvient jusqu'à Malkhout, où se situe la Shékhinah.
L'arbre
est l'homme. Le jardin est la femme. Le milieu du jardin est le vagin. Dans le
Jardin il était ainsi interdit de consommer le fruit, de copuler. Ainsi jusqu'ici,
il y avait une complète unité entre le masculin et le féminin. Depuis la
séparation du fruit de l'arbre, la Shékhinah a été séparée de Yesod.
En
séparant le fruit de l'arbre, sous l'influence du serpent ou mauvais instinct
(yetser haraa'), l'équilibre du jardin est rompu. La Shékhinah est alors en
exil accompagnant l'être humain, chassé de l'Eden pour avoir rompu l'alliance
du début et choisi de vivre une vie matérielle. Ingérer le fruit de l'arbre,
c'est accepter le processus de reproduction transposé de la plante au niveau
humain.
Selon
la qabalah, la faute d'Adam était aussi d'avoir adoré la Présence divine seule,
l'immanence séparée de son aspect transcendant. L'image de l'arbre de la
Connaissance est la shékhinah, alors que l'Arbre de la Vie a pour image sa
séfirah centrale Tifeéret. La shékhinah ou Présence divine a été séparée des
autres séfirot.
(Zohar
I/35b)
Genèse 3/6: "La femme jugea que l'arbre était bon comme nourriture,
qu'il était attrayant à la vue et précieux pour l'intelligence; elle cueillit
de son fruit et en mangea, puis en donna à son époux, et il mangea"
Rabbi
Isaac dit que la femme perçut le fruit par l'agréable odeur exhalée, ce qui
l'incita à vouloir en manger.
Rabbi
Yossi dit qu'elle a vu effectivement l'arbre.
Rabbi
Yéhoudah est sceptique car les yeux d'Adam et Eve étaient fermés (puisqu'ils se
dessillèrent après cela)
Rabbi
Yossi rétorque qu'il s'agissait d'une vision mentale.
La
séparation du fruit d'en Bas se répercute en Haut au niveau du flux d'émanation
de Kéter, la Couronne qui ne parvient plus à Malkhout, la Shékhinah et provoque
son exil. C'est comme si on séparait la parole (Shékhinah) de la voix
(Tifeéret); on provoque alors la mort et le retour à la poussière.
Rabbi
Shimeo'n cite alors le Psaume 39/3: "Je me suis enfermé dans un mutisme
complet, j'ai gardé le silence, en l'absence du bonheur, alors que ma douleur
était pleine de trouble"
La
Communauté d'Israël, assimilée à la Shékhinah, est muette en exil, sans voix.
D'autres
disent que le fruit était le fruit de la vigne et qu'Eve a pressé le raisin et
a donné son jus à son époux. Le jus a dû fermenter, apportant un goût de mort
en Eden, sans doute le sommeil, car on dit que le sommeil est 1/60ème
de la mort.
D'autres
disent que l'arbre était un figuier dont les feuilles et les fruits donnent la
connaissance de la magie. Dans tous les, cas cette ingestion a eu comme
conséquence l'éveil du mauvais penchant. Et sans mauvais penchant, la terre ne
peut pas être peuplée. Le Mauvais Penchant provoque le désir animal incitant à
copuler bestialment. C'est l'homme par son esprit et son cœur qui magnifie
l'acte d'amour en le rendant "divin".
Selon
la qabalah, la faute d'Adam était aussi d'avoir adoré la Présence divine seule,
l'immanence séparée de son aspect transcendant.
(Zohar
I/36a)
Genèse 4/3: "Au bout d'un certain temps (wayéhi miqets hayamim, aux
limites des jours) Caïn présenta du produit de la terre (wéyavé Qayin mipéry
haadamah, Caïn présenta du fruit de la terre), une offrande au Seigneur (minh'a
ladonay)".
Il y
a ici un parallèle avec "la fin de toute chair", à propos de Noé
(Genèse 6/13, qts kol bassar) et à ce niveau, on voit ainsi apparaître l'Ange
de la Mort ou le mauvais penchant. Il est d'usage également qu'un verset
commençant par "wayéhi" soit de mauvais augure. Ici, Qayin jaloux que
son offrande à D ne soit pas agréée va tuer son frère Hével.
Il y
a également un parallèle avec le fruit de l'Arbre de la Connaissance du bien et
du mal. Rabbi Eleazar cite les versets
d'Isaïe 3/10-11: "Annoncez au Juste qu'il sera heureux et jouira du
fruit de ses œuvres. Mais hélas! Le malheur atteindra le méchant, car il sera
traité selon l'oeuvre de ses mains"
N'ayant
pas offert les prémices de sa récolte, mais plutôt les restes, Qayin est du
côté du "mauvais penchant" et attire l'Ange de la Mort.
(Zohar
I/54a-b)
Genèse 10/1: "Voici (wé éleh) la descendance des fils de Noé,
Sem, Ham et Yafet, à qui des enfants naquirent après le Déluge"
Rabbi
Hiya cite Isaïe 60/21: "Et ton peuple ne sera composé que de Justes,
qui posséderons à jamais ce pays, eux rejeton que j'ai planté, œuvre de mes
mains, dont je me fais honneur"
Israël
seul a accepté l'alliance du Sinaï et la Torah. Pour que le peuple d'Israël
mérite "ce pays", il faut qu'il soit constitué de Justes qui
perpétuent la Torah.
Heureux
est le peuple d'Israël qui étudie la Torah et dont les arcanes lui sont familiers,
il mérite le monde à venir. Tout Israël a sa part dans le monde à venir, car il
a accepté l'Alliance (de la circoncision) sur laquelle le monde a été fondé et
il lui est resté fidèle.
Jérémie
33/25-26: "Ainsi parle le Seigneur: si mon pacte avec le jour et la
nuit pouvait ne plus subsister, si je cessais de fixer des lois au ciel et à la
terre, alors seulement je pourrais repousser la postérité de Jacob et de mon
serviteur David, en n'y prenant pas de princes pour régner sur les enfants
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, quand je les aurais ramené de l'exil et pris en
pitié"
D
pourrait ramener le monde au chaos, si aucun Juste ne le soutenait. Il n'y
aurait plus de Messie pour ressusciter les morts.
Joseph
est appelé Juste parce qu'il a gardé sa pureté, en résistant aux avances de la
femme de Poutifar.
Rabbi
Eleazar dit que l'expression "voici" ou "ceux-ci sont" (wé
éleh) implique une réminiscence d'un texte précédent (voir Genèse 2/4). Une
rivière est issue de l'Eden (H'okhmah) pour arroser le Jardin (Malkhout ou
Shékhinah). Ce sont les eaux pérennes d'en Haut qui fertilisent. Il y a donc un
parallèle entre les arbres qui portent des fruits et les générations de Noé. Noé
est né circoncis et il garde ainsi l'Alliance. Juste pour son époque, ses
engendrements mènent aux patriarches et à Joseph. L'arche doit préserver les
semences dans ce but et l'arche de la nouvelle alliance rappelle l'alliance de
chair.
Rabbi
Yéhoudah cite le Psaume 112/5: "L'homme bon est généreux, il consent
des prêts et règle ses affaires avec équité". Qui est l'homme bon?
Selon le Psaume 145/9 (l'Eternel est bon pour tous), et selon Exode 15/3
(l'Eternel est l'homme des batailles, ish milh'amah).Il s'agit donc de
l'Eternel pour lequel la droiture et la justice sont le fondement du trône.
Selon
une autre explication issue d'Isaïe 3/10: "Annoncez au Juste qu'il sera
heureux et qu'il jouira du fruit de ses œuvres", l'homme bon est le
Tsadiq, le Juste.
Selon
rabbi Yossi il s'agirait de Noah. Mais selon rabbi Yitshaq, on fait référence
au shabat, car celui-ci commence par le Psaume 92/2: "Il est beau de
rendre grâce à l'Eternel, de chanter en l'honneur de son nom"
Là-dessus
rabbi Hiya dit que c'est le Juste qui produit des générations dans le monde, ce
sont les âmes issues du Juste, qui sont les fruits de l'oeuvre divine.
Rabbi
Shimeo'n dit: quand le Saint Béni soit-Il porte ses couronnes, il les reçoit
d'en Haut comme d'en Bas, de la hauteur lointaine et absolue comme des âmes des
Justes.
(Zohar
I/59b-60a)
Genèse 12/20: "Pharaon lui donna une escorte qui le reconduisit avec sa
femme et toute sa suite"
D est
un bouclier pour les Justes, les empêchant de tomber au pouvoir des hommes et
c'est ainsi qu'Abram était protégé contre les Egyptiens qui ne pouvaient plus
lui nuire ni nuire à sa femme. La Shékhinah était auprès de Saraï toute cette
nuit. Dès que Pharaon s'en rapprochait un ange venait le mordre. Epreuve
qu'Abram a subie sans se plaindre, puisque Proverbe 28/1 "…les Justes
sont hardis comme les lions"
Psaume
92/13: "Le Juste fleurit comme le palmier, comme le cèdre du Liban, il
est élancé" - Rabbi Yitshaq demande pourquoi le Juste est-il comparé
au palmier? Quand on abat un palmier, cela prend du temps pour en avoir un
autre. Quand le monde perd un Juste, il faut attendre longtemps avant qu'un
autre n'apparaisse à sa place. Puis un palmier ne peut croître et donner des
fruits que si un palmier-femelle est planté à côté de lui (arbre dioïque). Le
Juste ne peut s'épanouir que s'il y a union entre mâle et femelle, comme le
couple Abram/Saraï.
Comme
le cèdre est éminent et protège les gens qui sont assis sous son ramage, de
même le Juste est prééminent et tout le monde accourt sous sa protection.
Le
monde est soutenu par un seul Juste, comme dit le Proverbe 10/25: "Une
bourrasque est passée, le méchant n'est plus, le Juste est fondé pour
l'éternité"
Rabbi
Yéhoudah avance le Proverbe 9/1: "La Sagesse s'est bâtie une maison,
elle en a sculpté les 7 colonnes" (les Justes).
Rabbi
Yossi répond qu'il n'y a qu'un seul capable de soutenir tous les autres et
c'est lui le soutien réel du monde. C'est lui le Juste-Tsadiq qui abreuve le
monde et le nourrit comme il est dit dans Isaïe 3/10: "Annoncez au
Juste qu'il sera heureux et qu'il jouira du fruit de ses œuvres" - Rabbi
Yitshaq rappelle Genèse 2/10 où la rivière descendant de l'Eden et arrosant le
Jardin est l'image du Juste-soutien du monde. Car le Jardin fertilisé donnera
des fruits qui embaumeront et nourriront la terre entière, donnant force et
courage aux hommes qui étudieront la Torah. Qui sont ces fruits? Ce sont les
âmes des Justes, fruits de l'œuvre divine.
Toutes
les nuits, à minuit, le Saint Béni Soit-Il
(SbS) reçoit les âmes des Justes qui sont là, ainsi que celles qui montent (8),
et Il s'entretient et s'ébat avec elles toutes. Car le monde d'en Haut a besoin
de cette impulsion du monde d'en Bas. Et toutes ces âmes, fruits de son œuvre s'enveloppent de la lumière reçue de lui. Les
âmes d'Israël sont saintes et sont aussi appelées les filles du SbS, comme il
est écrit dans Deutéronome 14/1: "Vous êtes les enfants de
l'Eternel votre D. …"
Rabbi
Yesha pose cette question: Comment se fait-il alors que D puisse s'ébattre avec
des âmes de ce monde-ci ? Rabbi Yitshaq lui répond: toutes les nuits, à minuit
les vrais Justes se lèvent pour lire la Torah et chanter des Psaumes. On a vu
que D. et toutes les âmes du Jardin d'Eden écoutent leurs voix et en
conséquence, les Justes reçoivent le jour la grâce divine, comme il est écrit
dans Psaume 42/9: "Puisse l'Eternel mettre chaque jour sa grâce en
œuvre ! Que la nuit un cantique en son honneur soit sur mes lèvres, ma prière
au D vivant!"
(Zohar
I/82a-b)
Genèse 13/15: "eh bien! Tout le pays que tu aperçois, je le donne à toi
et à ta semence (race) à perpétuité"
Rabbi
Eleazar se trouvait un soir dans une auberge à Lod, avec le rabbi Hézékiah. Ils
se levèrent la nuit pour étudier la Torah. Les ayant aperçus, un autre hôte leur
dit "une auberge comme celle-ci est un endroit où on rencontre des
compagnons" et il commença à discourir sur un verset du Cantique des
Cantiques 2/3 "Comme un pommier parmi les arbres du bois, tel est mon
bien-aimé parmi les jeunes gens. J'ai brûlé du désir de m'asseoir sous son
ombrage, et son fruit est doux à mon palais"
Le
pommier est ainsi le SbS, plus précieux que les autres arbres et qui se
distingue d'eux par ses couleurs. On ne peut donc le comparer aux autres. Son
ombrage fait référence à Abram et son fruit est Isaac, un fruit sacré. Ou bien
l'ombrage fait référence à Jacob et son fruit est Joseph, dont la descendance
est aussi un fruit saint. On peut dire aussi que le pommier, c'est Abraham qui
se distingua seul par sa foi en un D unique.
Rabbi
Hézékiah précise qu'Abraham n'était devenu "un" qu'après avoir eu
Isaac et Jacob, et c'est seulement quand il y eut ces 3 patriarches, qu'on a pu
appeler Abraham, le pommier, le plus distingué de tous les arbres.
Alors
l'inconnu lui rétorque que le fruit "doux à mon palais", ce sont les
paroles de la Torah qui sont plus douces que le miel (Psaume 19/11). Puis il
ajoute une autre interprétation, celle qu'on a vue ci-dessus. Les âmes de ce
monde-ci, fruits de l'œuvre divine, sont issues "unies" sur le plan
mystique et se séparent en mâle et femelle dans ce monde-ci. D. les réunit à
nouveau dans le mariage et heureuses sont les âmes qui se retrouvent unies, car
alors "la
perfection est atteinte et le monde entier en est béni".
Pour
Rabbi Hézékiah c'est le désir de la femme qui engendre l'âme vitale (néfesh)
qui pousse l'homme dans sa véhémence à se joindre à elle. La force du mâle
engendre le fruit de la femelle. Selon une autre explication le fruit du mâle
est issu du désir de la femme, car s'il n'y a pas ce désir, il n'y a pas de
fruit du tout.
(Zohar
I/85a-b)
Genèse 21/1: "Or l'Eternel s'était souvenu de Sarah, comme il l'avait
dit et il fit à Sarah comme il l'avait annoncé "
Le
fruit de l'œuvre divine, ce sont les âmes des Justes, mais aussi "la
chance du couple"
ou mazal; de ce mazal découle fortune et pluie, c'est la rivière de
l'Eden qui descend arroser le jardin, l'irriguer et le fertiliser. D visita
Sarah dans ce sens là (paqad=visita et non zakhar, s'est souvenu).
Selon
rabbi Eleazar, le fruit des entrailles est une récompense, car c'est un héritage
du divin, pour les parents, de manière à ce qu'ils s'attachent à D en
permanence. En laissant un fils dans ce monde-ci, l'homme peut plus facilement
atteindre sa place dans le monde à venir. En effet, pour traverser les divers
portails de l'Eden où se trouvent les anges accusateurs et "ennemis",
il leur laisse comme otage son fils ici-bas. Psaume 127/5: "Heureux
l'homme qui a rempli son carquois! Il n'aura pas à rougir lorsqu'il plaidera
contre l'ennemi à la Porte" (du tribunal d'en Haut)
(Zohar
I/115a-b)
Genèse 27/29: "Que des peuples t'obéissent! Que des nations tombent à
tes pieds! Sois le chef de tes frères et que les fils de ta mère se prosternent
devant toi! Malédiction à qui te maudira, et qui te bénira soit béni!"
Ceci
fait allusion aux temps messianiques, car il est dit dans Psaume 132/11: "L'Eternel
a fait à David un serment véridique auquel il ne manquera pas "je placerai
sur ton trône un fruit de tes entrailles"
Rabbi
Yéhouda dit: Ceci s'applique à la venue du Messie, car en ce temps là toutes
les nations le serviront. "Sois" = héwéh au lieu de tihyeh ou héyeh.
Pourquoi ? Parce que les 3 lettres hé/waw/hé sont la base de la foi, avec un
sens mystique profond (9).
Rabbi
Yossi dit que les bénédictions s'appliqueront quand le Messie sera là. Quand
Israël transgresse les préceptes de la
Torah, Esaü peut tirer avantage de la bénédiction qui lui était destinée. Ceci
est parallèle aux malédictions apportées par le serpent au monde. D dit à Adam
que la terre était maudite du fait de sa transgression, c'est-à-dire qu'elle ne
produirait plus de fruits naturellement, et qu'il fallait transpirer pour en
avoir.
(Zohar
I/143a-b)
Notes
(1) Le
lys est shoshan (Suse) et par analogie shoshanah est devenue la rose. En effet
on sait qu'à Suse, il y avait des roseraies réputées. En hébreu, la rose c'est
"véred".
La
rose de Shir Hashirim, rouge et blanche est une rose importée de Palestine par
les Croisés. Elle a pour nom Rosa Gallica versicolor. Elle se distingue par des
qualités odoriférantes et médicinales. La distillation de la rose-églantine
donne l'eau de rose, le rouge devient blanc, ou transparent.
(2) Exode
34/6-7: "Le divin passa devant lui et proclama "adonay" est
l'être éternel tout-puissant, clément et miséricordieux, tardif à la colère,
plein de bienveillance et d'équité. Il conserve sa faveur à la millième
génération. Il supporte le crime, la rébellion, la faute, mais il ne les absout
point. Il poursuit les méfaits des pères sur les enfants, sur les petits
enfants jusqu'à la 3ème et à la 4ème descendance"
Ces
13 mesures sont issues de la séfirah supérieure Kéter qui est la miséricorde
totale.
(3) Les
5 séfirot centrales de l'Arbre de Vie, permettant d'accéder au divin.
(4) Sur
le plan sémiologique, le fruit "péry" signifie qu'un débordement
(per) se réalise (yod est le bras qui agit), au delà de Malkhout, 10ème
séfirah. De même la semence "zéraa'" = zé réaa' veut dire "ceci
est la pensée, le but"
(5) On
peut interpréter ces 42 entités comme étant les 22 lettres de l'alphabet,
auxquelles s'ajoutent les 20 séfirot du chemin aller-retour sur l'Arbre de Vie,
briques et liaisons de la création.
(6)
Binah est le giron maternel qui reçoit la semence yod pour générer les autres
séfirot.
(7)
Cette dernière opération appelée "péria'h" qui complète la milah
(coupure de la chair) n'est pas réalisée dans la circoncision selon Ismaël ou
l'Islam.
(8)
Pendant le sommeil, l'âme quitte le corps et vagabonde et parfois atteint Gan
E'den, vision ou rêve.
(9)
Héwéh est la liaison entre les 2 hé du nom divin, entre Binah et Malkhout
Albert Soued - 16 avril 2007
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