INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR

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LECTURE D'UNE PAGE DU ZOHAR EN ARAMÉEN

 

Préambule

 

Nous nous proposons de lire le folio 29 de la première partie du Zohar.

Dans ce texte l'auteur décrit le processus de création de l'univers, en commençant par la création du monde intermédiaire, le plus proche du divin.

La Torah, les 22 lettres de l'alphabet, les 10 paroles, l'Arbre de Vie qui est l'image du monde intermédiaire, étaient tous dans la pensée de D, avant cette création.

Or la Torah raconte cette création du monde et son premier verset contient la description de la création du monde intermédiaire "béreshit bara élohim et hashamayim véet haarets", 7 mots en tout.

 

Les deux aspects du divin appelés masculin et féminin sont représentés dans l'Arbre de Vie de deux manières différentes: dans la verticalité, les deux couronnes "kéter" en haut est masculin et "a'theret" (ou malkhout) en bas est féminin; dans l'horizontalité, la droite tient du masculin et la gauche du féminin. Mais haut et bas, gauche et droite forment une même unité.

De haut en bas il y a engendrement progressif par la transmission de la lumière d'en haut.

 

"Béreshit" contient "bet" et "reshit": bet est la maison et a comme valeur 2; il y a ainsi deux maisons construites, la maison-mère Binah ou discernement, issue du commencement "reshit". Il s'agit du germe Yod ou point primordial qui se fixe dans la Sagesse ou H'okhmah pour donner naissance à la maison Binah, elle-même mère des 6 séfirot suivantes, dont l'ensemble est appelé "palanquin" (afryone). Cet ensemble engendre la maison-fille Malkhout ou Royaume.

 

L'union de la Sagesse du début avec le Discernement est appelée "Connaissance" ou "daa't", attribut non révélé, qu'on appelle aussi Noun, car fertile comme le poisson et de valeur 50 (les 50 portes de la connaissance). Le cœur de Noun ou "lev noun" c'est "lévanone", le Liban. Le palanquin est un engendrement de la connaissance, un parallélépipède rectangle à 6 faces, images des six séfirot inférieures, de Tifeéret à Yessod. Le palanquin est fabriqué avec le bois des arbres du Liban. Arbre est "é'ts" ou source du juste (a'yin/tsadé); or cet arbre est un cèdre du Liban, érez lévanone; le cèdre érez, c'est aussi la lumière (or) qui nourrit (zayin), la lumière d'en haut qui nourrit le bas.

 

Analyse de Zohar I- 29a/b

 

Commentaires du premier verset de la Genèse "Béreshit bara élohim ét hashamayim véét haarets" – Au Commencement D créa les cieux et la terre…

Ph = le texte araméen en phonétique ; T = traduction du texte; C = commentaires explicatifs du texte.

 

Ph. Béréshit. Taninine kol shlomo déitamar béshir hashirim. Bémalka dishéléma dilya.

T. "Au commencement". (les Maîtres) nous ont appris qu'à chaque fois qu'on parle de Salomon dans le Cantique des Cantiques, il s'agit du roi de la paix.

C. On a compté 7 fois l'appellation "Salomon" dans le Cantique des Cantiques, et l'analyse des 7 versets nous conduit à définir Salomon comme un roi géomètre, donc sage et pondéré qui réussit à maintenir la paix pendant tout son règne.

 

Ph. Bémélekh stam bénouqva. Mila tatea béa'lea. Véraza dimila dirta tatea léa'lea tarvyihou kéh'ad.

T. (Quand on parle) de roi simplement, (il s'agit du) "féminin" (secret et intime). Le Bas est le reflet du Haut. Et le secret de la chose, (c'est que) le Bas hérite du Haut, les deux formant ensemble une unité.

C. Pour comprendre le Zohar, il faut avoir constamment présent à l'esprit l'Arbre de Vie et les 32 sentiers de la sagesse, soit les dix séfirot et les vingt deux lettres de l'alphabet. Si Salomon est le roi de la Paix, image de la séfira supérieure kéter ou Couronne, le roi (tout court) est l'image de la dernière séfira, soit le Royaume ou malkhout, image du féminin "fermé et secret". On l'appelle aussi "atheret" ou Couronne d'en Bas, reflet de la Couronne d'en Haut, les deux couronnes étant deux aspects d'une même unité.

 

Ph. Véhyinou "bét". Dikhtiv "béh'okhma yivné bayit" (Mishlé 24/3). Khtiv "afryone a'ssa lo hamélekh shlomo méa'tsé halévanone" (Shir hashirim 3/9)

T. Ceci est (la lettre) beyt. Il est écrit dans les Proverbes "on construira la maison avec la Sagesse" et dans le Cantique des Cantiques "le roi Salomon s'est fabriqué un palanquin avec des arbres du Liban"

C. Nous sommes dans le commentaire du premier verset de la Torah et du premier mot "béreshit" qui commence par la lettre "bet" qui signifie "maison", celle qui contient toute la Torah. Le Commencement "reshit" est l'image de la séfira "Hokhmah ou Sagesse; c'est par elle que le monde a été créé. La maison d'en Haut, première construction, est le Discernement ou Binah, du côté de la rigueur. D'elle émane le bas du monde intermédiaire, les séfirot inférieures de l'Arbre de Vie: le palanquin est l'image de ces 6 séfirot qui suivent Binah. Sur le plan symbolique le Liban (lévanone) est le cœur de Noun, la Connaissance, ou Daat, séfirah cachée, synthèse des deux formes d'intelligence, Hokhmah, compréhension globale et intuitive, et Binah, intelligence analytique et logique. Les arbres du Liban (atsé lévanone) sont l'image des 6 séfirot qui suivent Binah et qui en sont issues. Le palanquin est constitué de bois d'arbres du Liban Nous avons ici un clin d'œil au Juste, fondement de la Création. E'ts s'écrit a'yin/tsadé, soit la source du Juste. Les six séfirot inférieures se terminent par Yessod, attribut qui est le fondement du Juste, avant de se jeter dans la vaste mer de Malkhout. La structure et la pérennité du monde créé ne tient que par cette arborescence autour du Juste.

 

Ph. Afryone da tiqouna déa'lma tatea mia'lma a'lea. Déa'd lo bara "haqadosh baroukh hou" a'lma hava stim shémya biha. (Hou véshimya stim bégvya h'ad).Vélo qayima mila

T. Le palanquin est un arrangement du Bas par le Haut (réparation, décoration). Car avant que le SBS (Saint Béni Soit-Il) ne crée le monde, le Nom était caché en Lui (Lui et le Nom caché en Lui étaient Un). Et celui là (le monde) n'a pas tenu (debout).

C. Les 6 séfirot qui suivent Binah, sont issues de cet attribut divin. Et Malkhout, la couronne d'en bas reçoit toutes les effluves d'en haut. Avant que le monde ne fut créé, le SBS existait seul avec son Nom, Ayn sof. Dire que rien d'autre n'existait, c'est dire "ayn". La pensée engendra le projet et la volonté de réaliser le monde. Imparfaits, les premiers mondes ne durent pas, jusqu'à ce que la "téshouvah"  (le désir de retour du Bas vers le haut) est créée.

Le monde intermédiaire des attributs divins et des séfirot a été créé en même temps que le monde matériel. Le monde des séfirot existait "potentiellement dans "ayn sof", le "sans-fin". Il s'est révélé, comme un signe de l'existence de D.

 

Ph. A'd disliq bireou'ta (dimah'shava léqayima koula. Bémathon dismitra) lémavré a'lma. Véhava réshim ouvné vélo qayima.

T. Jusqu'à ce que jaillisse avec la volonté (venant) de la pensée, pour faire exister le Tout, par l'empreinte d'un signe, créant ainsi le monde. Il a dessiné et construit (ce monde), mais il n'a pas tenu.

C. Le signe est celui de l'Arbre de Vie, empreinte du divin dont le centre est la séfira "tifeéret, ou Beauté. Les portes d'entrée dans la "sas" intermédiaire sont aussi des constructions: Binah est la construction d'en haut séparant le monde divin du monde intermédiare; en bas on trouve la séfira Malkhout, appelée aussi "shékhinah", celle qui habite la construction d'en bas, la présence divine, l'aspect féminin du divin, proche de la "Communauté d'Israël" (autre désignation de la séfira Malkhout). Elle donne accès au monde matériel où nous vivons.

La porte d'en Haut est représentée par un Hé ou un dalet/waw (do); la porte d'en Bas est représentée par un autre Hé plus petit ou un dalet/yod (dy); le "sas" est donc do-dy (mon bien aimé), le héros du Cantique des Cantiques. Mais alors quelle en est l'héroïne? Eh bien c'est "raa'yaty", ma bien aimée, qui se lit "reyaa'" (le projet) "yéty" ou le projet yod/taw/yod, ou le signe, l'empreinte au sein des deux yod. Il faut savoir ici que le double yod est l'image des deux aspects du divin, non plus féminin/masculin, mais transcendant/immanent. Il s'agit ici du projet de séparation des deux yod par le signe "taw", image de l'Arbre de Vie: l'Arbre de Vie est donc le signe du divin dans ses deux aspects.

 

Ph. A'd déitea'thef béa'thoufa h'ad dézihra (a'lea démah'shava). Vébara a'lma (autre: yémina déa'lma qadmaa) (autre: shémayim). Véafiq (ilanine) arazine a'laine ravravine.

T. Jusqu'à ce qu'il s'enveloppe d'un manteau de lumière splendide (de la pensée d'en Haut). Et il créa le monde (on parle aussi d'univers primordial). Il a engendré (des arbres) de nombreux cèdres supérieurs.

C. Dans un processus d'émanation à partir du point primordial, l'infini "ayn sof" engendre "ayn sof or" la lumière primordiale, qui crée les vases récepteurs/transmet-teurs que sont les séfirot. L'union des attributs "H'okhmah" et "Binah" a engendré la Connaissance "Daa't" qui véhicule vers le Bas la lumière d'en Haut.

D'après Louria, la lumière émise était trop forte par rapport aux vases créés pour la recevoir, ce qui explique la rupture des vases inférieurs (arbres-cèdres du Liban); mais heureusement, la "téshouva" est là, pour permettre néanmoins à ce monde de ne pas s'écrouler trop vite. Le Juste est celui qui fait une téshouva sincère et grâce à lui, le monde est maintenu. Son image est la séfira Yéssod, fondement de l'édifice.

 

Ph. Mihahou néhora (autre: véziva raba) zihra a'lea. (autre: h'ad dizohar yémina a'lea). Véshavé rétikhouy a'l trine vée'srine atavone réshimine. Véateglifou béésser amirane.

T. Et voilà un flux de lumière (ou un rayon puissant) (venant) de la splendeur d'en Haut (lumière primordiale). Il a mis son Char sur 22 lettres tracées et Il a gravé avec 10 paroles.

C. D'après la Tradition de la qabalah, le monde a été créé par 22 lettres (origine des mots qui donnent un sens aux choses, ou image des particules élémentaires de la science) et 10 séfirot (image des paroles créatrices ou des forces qui agissent dans les mondes créés ou des vibrations de l'univers). Le char est le véhicule qui met en branle les 32 entités décrites.

 

Ph. Véityashvou hahad "méa'tsé halévanone" (shir). Oukhtiv (Téhélim 104/16) "arzé halévanone asher nathaa'" (déha mééline a'vid hahou afryone). "A'ssa lo hamélekh shlomo" (Shir hashirim). Lo légarmaya. Lo létiqounya. Lo léah'ezaa yiqra a'lea. Lo léodaa' déihou h'ad véshimya h'ad. Kémo déat amar (Zakharia 14/9) ("yihyé adonay eh'ad oushmo éh'ad" Oukhtiv ) Téhélim 83/19 "véyidéou' ki ata shémékha adonay lévadekha".

T. et il est écrit ceci dans le Cantique "des arbres du Liban" et de même dans les Psaumes "les cèdres du Liban qu'il a plantés (et de ceux-là il a fabriqué un palanquin). D'où "le roi Salomon s'est fabriqué…" (Cantique). Pour lui-même. Pour son décor (réparation). Pour son estimée splendeur supérieure. Pour proclamer qu'il est Un et que son nom est Un. Comme il est dit dans Zakharie  "D. sera Un et son nom Un" et dans les Psaumes "et ils sauront que D seul a pour nom YHVH"

C. Les images du Zohar risquent de mener le lecteur dans l'anthropomorphisme. C'est pourquoi, périodiquement l'auteur insiste sur l'unité du Tout, les éléments proposés n'étant que des aspects de l'unité divine, suggérés pour faire évoluer la pensée de l'être humain qui est en voie de rapprochement avec cette unité abstraite et indicible.

 

Ph. Bémathone diklafouy. Kasthorine yédia'. Néthif lésithra da léi'la. Néthif léyimina. Stha lésmola. Néh'it létata. Vékhan léarbaa' zévine. Malkho etfaresh léila vétata ouléarbaa' zévine. Lémahouy h'ad nahera a'lea néh'it létata. Véa'bid léha yama raba. Kémo déat amar (kohélet 1/7) "kol hanéh'alim holkhim el hayam véhayam énénou malé"

T. Sous l'impact du maillet, on voit les remparts. Un ruissellement secret (vient) d'en Haut. Il coule à droite, dévie vers la gauche, il se dirige vers le Bas, et maintenant dans les 4 directions. Son Royaume s'étend du Haut vers le Bas, et dans les 4 directions. Il se transforme en un seul fleuve descendant du Haut vers le Bas, formant une vaste mer. Comme il est dit dans l'Ecclésiaste "tous les fleuves coulent vers la mer et la mer n'est pas pleine"

C. Les images fleurissent pour expliquer la descente du flux de lumière (ou la rosée, ou les voix ou plus généralement les effluves), dans les 6 directions de l'espace (haut et bas plus les 4 points cardinaux) ou les 6 dimensions séfirotiques. Malkhout reçoit toutes les effluves venant d'en Haut.

 

Ph. Déha hou kénish koulo véshaiv léha bégivya. Kémo déat amar (shir hashirim 2/1) "any h'abatsélet hasharone, shoshanat aa'maqim". Véén sharone ela atar yama raba. Disheiv kol méyamine déa'lma. Déafiq vé shéiv. Vénahir (véa'aline biha. Bégini kakh da afiq véda sheiv nahir) da beda béorh'ine yédia'n.

T. Car Lui il rassemble Tout et attire en Lui, comme il est dit dans le Cantique "je suis le lys du Sharon, la rose des profondeurs (vallées)". Et le Sharon n'est autre que le lieu de la vaste mer où sont attirées toutes les eaux du monde. Il rassemble et attire. Il illumine des sentiers bien connus, l'un par l'autre (ils pénètrent ainsi dans les jardins, l'un rassemble, l'autre attire et illumine)

C. Dans la rose "shoshana", il y a shesh, les 6 pétales du lys ou les 6 directions de l'espace ou les 6 séfirot du bas. La lumière d'en haut se déverse dans Malkhout qui reçoit les effluves venant d'en Haut, effluves qui ont cheminé le long des sentiers odorants de l'Arbre de Vie.

 

Ph. (Nah'laya kéféne a'levaya. Vékedine a'lyahou ktiv (mishlé 24/3) "béh'okhma yivné bayit" . Véa'l da "beyt" béreshit. (autre: véa'l da beyt déa'lma mélékh stam). (beyt a'lea itbané béh'okhma et khan tatea of haky). Aval beyta a'lea raverava yéshouva déa'lma. Mélekh stam beyta tatea.

T. La source du fleuve de lumière est en haut, comme il est dit dans les Proverbes "avec la Sagesse on bâtit la maison", et ceci est le "bét" de "béreshit" (ou ceci est la maison du monde du roi anonyme, secret). La maison Binah d'en Haut est construite avec Sagesse (h'okhmah), et celle d'en Bas également. Cependant la maison d'en haut est grande, car (elle est une) assise du monde; et le roi anonyme ou fermé est la maison d'en Bas (malkhout).

C. Le beyt de "Béreshit" est une maison et a comme valeur 2: il y deux maisons, celle d'en haut, la maison-mère Binah issue du point primordial, le yod de H'okhmah; et celle d'en bas, la fille Malkhout construite avec les cèdres du Liban, les 6 séfirot au-dessus d'elle.

 

Ph. (Téhilim 63/14) "véhamelkh yismah' béélohim" (khad, atea'r gvoura) a'lea. Léah'da biha tah'out rishya. Ouliqrava liha béh'édva. Lémahouy kela h'ad. "Véhamelekh yismah'béélohim". H'idvo néhora déafiq (autre: binéhora) (dinahra). Dinefiq béh'ad shvila thamir véganiz ve a'yil biha.

T. (Il est écrit dans) les Psaumes "et le roi se réjouira en Elohim". Quand la Rigueur d'en Haut s'éveille pour L'enlacer (le roi), (passant le bras) sous la tête, le rapprochant avec joie, pour que Tout soit Un, "et le roi se réjouira en Elohim", rassemblant le fleuve de la joie en un seul flux secret et caché, coulant en lui.

C. Binah est du côté de la Rigueur, car cet attribut est le discernement rigoureux et l'analyse sans faille. Binah enlace la "shékhinah" ou présence divine dans le monde créé. Encore une fois pour éviter de tomber dans l'anthropomorphisme des images, on clame l'unité du divin.

Elohim est placé dans Binah, du côté de la rigueur. Comme on l'a vu le roi "anonyme" est une désignation de l'aspect féminin du divin, secret et fermé. Le souffle du hé d'en haut est le même souffle que celui du hé d'en bas, souffle divin dans son aspect féminin.

 

Ph. Batrine déénone h'ad. Véa'l da a'lma eshtekalel biqiyouma shalim. "véhamélekh yismah'béélohim". A'lma (autre: nahra I'lea) tatea h'adi béa'lma a'lea. (autre: stima hahou dashdar) a'miqa (h'idou dénaguid vénafiq be-én atar h'adi béélohim biha h'adi biha shdar) h'ayim lékoula. H'ayé malka eqrone.

T. Deux sont Un, ainsi va le monde qui existe dans la paix. "et le roi se réjouira en Elohim". Le monde (ou le flux de lumière) d'en Bas se réjouit dans le monde d'en Haut, un monde profond d'où est issue la joie. En qui se réjouit-il? En Lui, Elohim, il se réjouit. Par Lui il transmet la vie à tous. On l'appelle "la vie du roi".

C. Le souffle (hé) du divin anime les mondes créés. Il s'agit de Binah, le discernement qui donne vie à la présence divine "shékhinah" et aux mondes créés.

 

 

Albert Soued – mars 2004

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