Datant des années 80, les dix réflexions qui suivent et que nous avons individualisées sont à l'origine d'un décodage particulier et inédit du Cantique des Cantiques du roi Salomon

RÉVEILLER LES ASSOUPIS

Noun et Mém

Pendant de nombreux siècles les chercheurs scrutant la Torah se faisaient réveiller à minuit pour commencer l'étude dans le calme nocturne pendant que le reste de la population dormait. Selon la Tradition, le sommeil équivaut à un soixantième de la mort, qui n'est alors qu'un grand sommeil. 

Une des désignations du sommeil en hébreu est "noum" dont la racine noun-mém a des lettres fermées: elle a pour sens le vase clos, l'enceinte du sommeil, de l'ignorance, de la mort. Pendant qu'on dort, on n'existe pas, on s'éloigne un peu de la vie, tout en se rapprochant de la mort.

Ainsi, d'après les Sages, l'assoupissement est une espèce de mort momentanée, une excursion à la fois l'intérieur de soi-même et dans l'au-delà où des rencontres ont lieu.... Pour être réparateur, le sommeil ne doit pas s'allonger outre mesure, d'où le réveil à minuit pour l'étude de la Torah. Au chant du coq ou à la sonnerie du shofar (corne de bélier), le réveil nous aide alors à nous extirper du sous-développement spirituel et de l'ignorance. A l'approche des temps messianiques, le réveil sera général et la connaissance sera universelle. Le grand réveil de tous les endormis se fera au son du shofar, à 1'époque de la résurrection assurée par le Messie. Alors les morts renaîtront, en commençant par ceux qui ont été enterrés sur le Mont des Oliviers, à Jérusalem.

 

Poser des questions

La manne est la nourriture qui est tombée du ciel et qui a nourri les Hébreux pendant la longue traversée du désert, après la sortie de l'esclavage d'Egypte. Elle ressemble à du coriandre ou à de la rosée, mais personne ne sait de quoi était faite cette manne si nourrissante.

Le mot "manne" signifie aussi en hébreu "qu'est-ce?", une interrogation. Les deux lettres formant ce mot "man" ou mém-noun, ont une forme ouverte, deux lettres prêtes à recevoir une réponse, lettres éveillées et aux aguets, un poisson frétillant dans l'eau.

La lettre "mém", qui a comme sens l'eau, signifie aussi la matière, la richesse mais aussi le défaut, la tache. La lettre "noun" qui est représentée par un poisson ou par la forme moins gracieuse du serpent, signifie aussi bien la fructification que le pourrissement. Noun est devenue progressivement dans le temps l'image de la lumière et de la connaissance primordiale. Le poisson a traversé l'histoire en ayant l'oeil ouvert et en se taisant. Il garde l'information, mais saisi et mal compris, il pourrit par la tête.

Association des deux lettres ouvertes "mém" et "noun", la manne est le questionnement existentiel, la matière de la connaissance. A l'opposé, si on inversait la place des lettres, celles-ci se fermeraient et donneraient le mot "nam" ou noun-mém, vu ci-dessus. Lié au sommeil, ce mot suggère alors l'ignorance ou une espèce de mort de l'esprit, et, plus trivialement, un poisson hors de l'eau.

Les eaux qui abritent le poisson se sont ouvertes le deuxième jour de la création pour laisser la place à un espace appelé firmament. Cette séparation des eaux en eaux d'en bas et eaux d'en haut donne sur la plan sémiologique: "hamayim", ou hé-mém-yod-mém, "les eaux" qui se décomposent en mah et my? "Quoi? Et Qui?".

D'après la Tradition de la qabalah, cette séparation est un début de questionnement, constitué de deux parties essentielles: "mah" ou " quoi? " et "my" ou "qui?" Qu'est-ce que l'univers et la création? et qui en est à l'origine et qui suis-je?

La voie du symbole permet de répondre partiellement à ces deux questions.

 

Albert Soued -1985

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