La peur et la crainte selon le Zohar-1

 

Haqdamat hazohar

 

Nous rencontrâmes sur la route un homme qui s'adressa à nous et commença à gloser sur la Torah.

Lévitique 19/30: "Observez (tishmorou)(1) mes shabats et révérez (tyraou) mon sanctuaire: je suis l'Éternel". L'Eternel s'adresse à elle, l'entrée du shabat : ô ma fille, tu es mon shabat et "shabat" je t'appellerai et je t'accorderai une couronne encore plus glorieuse; et l'Eternel fit la proclamation suivante "wemiqdashi tyraou", référence à la veille du shabat qui inspire une certaine crainte, car c'est le SbS lui-même qui s'identifie à cette entrée du shabat, disant "je suis l'Éternel"

L'étranger continua son exposé: mon père m'expliquait que la particule "et" correspondait aux limites de marche pendant le shabat, soit 2000 coudées. "Mes shabats" est un carré inscrit dans un cercle (2). Cette géométrie symbolise la sanctification du shabat par les 2 prières qui sont incrustées l'une dans l'autre et qui se complètent - Genèse 2/1-3: "Ainsi furent terminés (waykhoulou…) les cieux et la terre, avec tout ce qu'ils renferment. 2 Dieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui; et il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu'il avait faite. 3 Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu'en ce jour il se reposa de l’œuvre entière qu'il avait produite et organisée"  et le Qidoush proprement dit, chacun comprenant 35 mots et le tout formant les 70 noms du SbS (3).

"Lishmor" est plus contraignant que "lizkhor", en ce qui concerne le shabat, une injonction dont la transgression serait la mort, comme écrit dans Exode 31/14:

"Gardez donc le sabbat, car c’est chose sainte pour vous! Qui le violera sera puni de mort; toute personne même qui fera un travail en ce jour, sera retranchée du milieu de son peuple" – D'où la peur à l'entrée du shabat.

(Zohar I/5b-6a)

Rabbi Eléazar commence son discours ainsi, en citant Psaume 31/20: " Ah! qu’elle est grande ta bonté, que tu tiens en réserve pour ceux qui te craignent (léyériékha), que tu témoignes à ceux qui ont foi en toi, en face des fils de l’homme!"

Cette grande bonté est la lumière du 1er jour réservée aux Justes, qui ont écarté le péché et se sont dévoués dans l'étude de la Torah, lorsqu'ils s'élèvent vers le monde à venir.

Rabbi Abba et Eléazar poursuivent leur voyage et parviennent en haut d'une colline, au crépuscule. Les branches des arbres commencent à trembler et à bruire, puis tout d'un coup elles émettent des sons qui se transforment en hymne, avec une voix qui proclame: "Saints fils de D. vous qui êtes parsemés parmi les vivants d'un monde lointain, vous qui êtes les lampes de l'Académie, rassemblez-vous pour vous régaler dans l'étude de la Torah, avec votre Maître comme guide". Ils se mirent à trembler de frayeur, s'arrêtèrent, puis s'assirent. La même voix poursuivit: "Vous rochers puissants, marteaux exaltés, observez D. dont la vision est multicolore, assis sur son trône, pénétrez en votre lieu de réunion". A ce moment, ils entendirent une forte et puissante clameur sortant d'entre les branches des arbres et ils récitèrent le Psaume 29/5: "La voix de l’Eternel brise les cèdres, c’est l’Eternel qui met en pièces les cèdres du Liban". Une grande frayeur s'emparant des rabbi Abba et Eléazar, ils s'inclinèrent face contre terre, puis se relevèrent et partirent, la voix ayant disparu.

(Zohar I/7a)

 

Genèse 1/1: " Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre"

 

Rabbi Hiya commença son discours ainsi en citant le Psaume 111/10: "Le principe de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel (réshit h'okhmah, yira-at adonay), gage de précieuse bienveillance pour ceux qui s’en inspirent. Sa gloire subsiste à jamais"

Il dit: au lieu de parler de début de la sagesse, il vaudrait mieux dire "la fin de la sagesse est la crainte de D., puisque celle-ci est le but final de la sagesse. Mais le Psalmiste parle en fait de la Sagesse d'en Haut, qu'on ne peut atteindre que par le passage de la "crainte de D.", et ceci est sous-entendu dans les psaumes 118/19-20:" Ouvrez-moi les portes du salut (pith'ou li shaaré tsedek), je veux les franchir, rendre hommage au Seigneur. 20 Voici la porte de l’Eternel, les Justes la franchiront!"

Et cette porte est l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal.

(Zohar I/7b)

Rabbi Shiméon commença ainsi son discours sur les préceptes de la Torah: les préceptes donnés à Israël par le SbS se trouvent tous dans ce 1er chapitre, notamment le 1er, la crainte de l'Eternel, comme on l'a vu dans le Psaume 111/10 ci-dessus, et qu'on retrouve dans le Proverbe 1/7: "La crainte de l'Eternel est le principe de la connaissance (yirat adonay reshit daat); sagesse et morale excitent le dédain des sots"

C'est le premier passage vers la foi et l'univers est fondé sur ce précepte. Il y a 3 sortes de "crainte". Il y a l'homme qui craint le SbS pour que ses enfants ne meurent pas, ou qu'il ne soit pas puni dans son corps ou dans ce qu'il possède, et cet homme est dans une peur constante. Mais ce n'est pas du tout ce qu'on appelle la "crainte" de D. Un autre homme craint D. parce qu'il appréhende les tortures de la Géhenne, dans le monde à venir; là en effet l'homme a peur aussi, mais ce n'est pas non plus la "crainte" de D. La vraie crainte est celle qui fait qu'un homme vénère le Seigneur, Rocher et Fondement du monde, devant qui tout ce qui existe n'est Rien, comme dit Daniel 4/32: " Tous les habitants de la terre sont comptés comme rien [devant lui], il agit à sa volonté avec l'armée du ciel et les hôtes de la terre; il n'est personne qui fasse obstacle à son pouvoir et lui dise: "Que fais-tu?"

L'homme qui craint D. place son objectif en ce lieu appelé "crainte", yod/resh/aleph/hé, mot lié à une certaine vision, une vision à venir.

A ce niveau de son discours, Rabbi Shiméon s'est mis à pleurer: malheur à moi si je continue, et malheur à moi, si je m'arrête. Si je parle, les méchants sauront alors comment vénérer D., si je me tais, mes compagnons resteront dans l'ignorance de ma découverte.

A "la crainte sainte" d'en Haut correspond en Bas "la crainte du mal" qui accuse et châtie, le fouet qui punit les méchants. Celui qui craint les accusations et les punitions n'est pas doué pour cette "crainte de D." qui mène à la vie, car il a la peur en lui, la peur du fouet du mal. C'est pour cette raison qu'on appelle "la crainte de D.", "début de la connaissance". Ce précepte est le fondement des autres préceptes de la Torah. La "crainte de D. est la Porte d'entrée dans l'ensemble du Livre. C'est aussi pourquoi ce livre commence par le mot "béreshit", qui veut dire "la crainte", et, à travers cette crainte, D. créa les cieux et la terre. (4)

Et celui qui transgresse ce précepte, les transgresse tous. Sa punition est le fouet du Mal.

(Zohar I/11b)

Le second précepte est lié au 1er d'une manière indissoluble, je veux parler de l'amour, amour et crainte étant liés et "le grand amour" du divin est présent dans le verset Genèse 17/1: "Abram étant âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, le Seigneur lui apparut et lui dit: "Je suis le Dieu tout-puissant; conduis-toi à mon gré, sois irréprochable (héyé tamim)" car aimer D. c'est être "tamim", complet, irréprochable. On retrouve cet amour tout au début de la Genèse, "que la lumière soit!", c'est l'amour parfait.

Rabbi Eléazar dit à son père: Père! J'ai entendu une définition de l'amour parfait.

Le père: parles mon fils ! Pendant que Rabbi Pinhas est présent, car lui pratique cet amour vraiment!

Rabbi Eléazar explique alors: le "grand amour parfait" est celui qui est complet par l'union de 2 phases sans lesquelles, ce n'est pas un amour véritable, et il y a un récit de la Tradition qui donne ces 2 aspects de l'amour du SbS.

Un homme peut aimer D. parce qu'Il lui a donné des richesses, une longue vie, des enfants, le pouvoir sur ses ennemis, le succès dans toutes ses entreprises … Mais si D. tourne la roue de la fortune et lui apporte la souffrance et l'affliction, cet homme s'en détournera et ce type d'amour n'a pas de fondement. L'amour parfait est celui qui tient la route dans les 2 circonstances, affliction ou prospérité. L'enseignement de la Tradition définit parfaitement ce qu'est l'amour du divin, "je t'aime, même si tu m'ôtes la vie". C'est pour cette raison que la lumière de la création qui émergea, disparut après, afin que la souffrance règne et que l'amour fut parfait.

Rabbi Shiméon embrassa son fils, de même que rabbi Pinhas qui le bénit en disant: Sûrement, le SbS m'a envoyé ici pour entendre ces paroles, comme il est dit "une infime lumière peut illuminer le monde".

Rabbi Eléazar dit: la crainte ne doit être oubliée dans aucun des préceptes, notamment celui de l'amour, qui ne peut être dissocié de la crainte. Comment ? L'amour peut être suggéré par la fortune et les faveurs, mais l'homme devrait être hanté par la crainte, de peur de sombrer dans le péché, comme il est écrit dans Proverbe 28/14: " Heureux l'homme constamment apeuré (méfah'ad tamid) ! Celui qui endurcit son cœur tombe dans le malheur", ainsi il associe l'amour et la crainte. L'Autre Côté, qui apporte la souffrance et l'affliction, est une condition nécessaire dans ce monde-ci, car il suggère en l'homme la crainte, et il n'endurcit pas son cœur, qui craint le châtiment; s'il l'endurcit, il tombe de l'Autre Côté, dans le Mal.

(Zohar 11b-12a)

Quand la prière est faite sans tout son cœur, elle entraîne des anges destructeurs selon l'expression des Lamentation 1/3: "Juda est allé en exil, accablé par la misère et une dure servitude; il demeure parmi les nations, sans trouver de repos. Ses persécuteurs, tous ensemble, l'ont atteint dans les étroits défilés"- C'est pourquoi avant toute prière, il est utile de commencer par le psaume 78/38: " Mais lui, plein de miséricorde, pardonne les fautes, pour ne pas consommer des ruines; bien souvent il laisse sa colère s’apaiser, et n’a garde de déchaîner tout son courroux"…

Quand un Israélite portant "taleth" et phylactères prie avec dévotion, alors tous les propos du Deutéronome 28/10 retrouvent tout leur sens: " Et tous les peuples de la terre verront que le nom de l'Éternel est associé au tien, et ils te redouteront (yar-ou mimékha)"

Le shabat, D. lui-même descend avec les 3 patriarches pour accueillir sa fille unique, et les êtres célestes s'exclament en chœur "levez la tête vous les portes des palais, soyez exaltées, vous les barrières !" Soudain les Portes et les Barrières des 7 palais s'envolent. Le 1er palais est celui de l'Amour, le second, celui de la Peur, le 3ème est la Miséricorde, le 4ème, la Prophétie à travers le miroir clair, le 5ème, la Prophétie à travers le miroir flou, le 6ème la Vertu, le 7ème, la Justice (5).

(Zohar I/23b-24a)

 

Genèse 3/1: "Mais le serpent était rusé, plus qu'aucun des animaux terrestres qu'avait faits l'Éternel-Dieu. Il dit à la femme: "(Af) Est-il vrai que Dieu a dit: vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin?"

 

Rabbi Yossi explique: quand un verset commence par "af", il apporte la colère sur le monde. Le serpent dit à la femme: avec cet arbre D. créa le monde, alors manges-en et tu seras comme D., connaissant le Bien et le Mal, car cet être est appelé D. par cette Connaissance.

Rabbi Yéhoudah dit: il n'a pas dit cela, car s'il avait dit que D. avait créé le monde par cet arbre, il l'aurait dit clairement, car cet arbre était vraiment comme une hache entre les mains du bûcheron. Ce qu'il a dit, c'est que D. avait mangé de cet arbre et il créa ainsi le monde. Alors le serpent dit à la femme: "manges comme lui et tu créeras des mondes. D. t'a interdit d'en manger, comme tout artisan qui hait qu'un autre fasse comme lui, qu'il ait le même métier".

Rabbi Yitsh'aq a dit: le discours du serpent est un tissu de mensonges. D'abord il dit que D. a interdit de manger de tous les arbres du jardin, or c'est l'inverse, il a dit qu'on pouvait manger de tous les arbres du jardin.

Rabbi Yossi dit: selon la tradition, D a interdit à Adam, l'idolâtrie, l'injustice, le meurtre, l'inceste etc…, pourquoi l'aurait-il fait sachant qu'Adam était seul dans ce monde ? En fait, les interdictions concernaient l'arbre et s'appliquaient à lui seul. Et quiconque en mange provoque une rupture, une séparation et s'associe aux hordes d'en bas qui lui sont attachées, alors il est coupable d'idolâtrie, de meurtre et d'adultère. En effet, l'arbre est du côté du principe "féminin" (gébourah, force) et il est appelé "femme". Or il est interdit de donner rendez-vous à une femme mariée, sans son mari, de peur qu'elle ne soit accusée d'adultère.

C'est pourquoi toutes les interdictions sont liées à l'arbre et si la femme en mange, elle transgresse toutes ces interdictions.

Rabbi Yéhoudah répondit: le serpent a séduit Eve en lui disant "regardes j'ai touché l'arbre et je ne suis pas mort, tu peux le toucher aussi et tu ne mourras pas" ayant ajouté dans son récit le fait de "toucher".

(Zohar I/35b-36a)

Genèse 9/2: "Que votre ascendant (moraah) et votre terreur (hi'tah) soient sur tous les animaux de la terre et sur tous les oiseaux du ciel; tous les êtres dont fourmille le sol, tous les poissons de la mer, sont livrés en vos mains"

 

A la sortie de l'arche, le visage de l'homme redevient "humain", car au début de l'humanité, ce visage était d'abord "divin", et les bêtes en avaient une très grande peur.

Genèse 1/27: "Dieu créa l'homme à son image; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois " et Genèse 5/1: "Ceci est l'histoire des générations de l'humanité. Lorsque Dieu créa l'être humain, il le fit à sa propre ressemblance ". Aussitôt après avoir péché, le visage de l'homme s'est transformé, est devenu "animal" et les bêtes n'en avaient plus peur. A l'inverse, c'était l'homme qui craignait les autres animaux.

Ceux qui gardent les préceptes de la Torah gardent un visage d'origine et toutes les bêtes tremblent en le voyant. Quand l'homme transgresse les préceptes, son visage change et ce sont les animaux qui prennent le pouvoir sur lui!

A la sortie de l'arche l'homme est "purifié" et retrouve un visage humain.

(Zohar I/71a)

 

Genèse 12/1: "L’Éternel avait dit à Abram: "Éloigne-toi de ton pays, de ton lieu natal et de la maison paternelle, et va au pays que je t'indiquerai"

 

Puisque tous sont partis avec lui, pourquoi l'Eternel ne s'adresse-t-il qu'à Abram? Bien que Terah eut la bonne pulsion de suivre Abram, quoiqu'idolâtre, et comme D. se réjouit de la repentance des pécheurs, pourquoi le texte n'est-il pas au pluriel ?

Rabbi Shiméo'n répondit: si vous croyez que Terah a quitté Ur en Chaldée pour se repentir de son passé païen, vous vous trompez; en fait il voulait sauver sa peau, ses concitoyens cherchant à le tuer. Car ceux-ci, ayant vu Abram sortir vivant du brasier où l'avait mis Nimrod, ont dit à son père Térah: vous nous avez raconté des histoires sur le pouvoir de vos idoles, pour nous les vendre. Terah s'est enfui d'Ur par peur pour sa vie.

D'ailleurs, il n'est pas allé plus loin que Haran, puisqu'on ne parle pas de lui dans Genèse 12/4: "Abram partit comme le lui avait dit l'Éternel, et Lot alla avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans lorsqu'il sortit de Haran".

Lot s'est attaché à son oncle pour profiter de son enseignement, sans beaucoup de succès. Rabbi Eléazar dit: heureux sont les Justes qui apprennent les voies du Seigneur, pour y cheminer et arriver avec crainte au jour du Jugement Dernier, et rendre compte de leurs actes devant D., comme dans Job 37/7: "Alors il paralyse les bras de tous les hommes, pour connaître l'œuvre de chacun "

(Zohar I/78b)

 

Genèse 15/1: "Après ces faits, la parole du Seigneur se fit entendre à Abram, dans une vision, en ces termes: "Ne crains point, Abram: je suis un bouclier pour toi; ta récompense sera très grande (harbé méod=supérieure à )"

 

Ces faits concernent la poursuite par Abram des 5 rois qui l'attaquèrent et que D. a exterminés. Après ces faits Abram eut des scrupules, des fois qu'il perde une partie de "la rémunération" reçue en convertissant des hommes pour le service de D., une partie de ces hommes ayant été tués de son fait. Mais l'œuvre d'Abram compense très largement les pertes, car parmi ceux qui sont morts, aucun d'eux n'est innocent.

Ces propos rassurants sont parvenus dans une vision, niveau qui commence à "Malkhout", avec la shékhinah, dans la remontée de l'Arbre de Vie. Rabbi Shiméo'n précise: jusqu'à sa circoncision, Abram n'atteint que "la vision à travers une voix". Nombres 24/4: "de celui qui entend le verbe divin, qui perçoit la vision du Tout-Puissant (mah'azé shaday), il fléchit mais son œil reste ouvert".

Après la circoncision, dont le symbole est Yéssod, la voix était celle de D.

(Zohar I/88b)

 

Genèse 31/53: (propos de Laban) " Puissent nous juger le Dieu d'Abraham et le dieu de Nahor, les divinités de leur père!" Et Jacob jura par le Dieu révéré (béfah'ad) de son père Isaac".

 

Pourquoi est-il dit qu'il vénérait par crainte du D. d'Isaac, et non celui d'Abraham ?

Parce que Laban avait déjà prêté serment sur Abraham, symbole de la miséricorde; et vu la méchanceté de Laban et sa perversité, Jacob ne pouvait jurer que par la rigueur subie par Isaac, terrorisé sur l'autel où ligaturé, il allait être immolé.

Par ailleurs, un homme ne doit pas jurer au niveau le plus élevé, niveau où se situe Abraham.

Rabbi Yossi dit que le serment de Jacob était le plus adapté à la situation. Jacob s'est dit que puisque Laban a invoqué le D. d'Abraham, laissant de côté le nom de son père, il devait pallier ce manque, d'où la référence à son père Isaac et à sa peur.

Une autre explication est que Jacob voulait mettre de son côté la sévérité et la rigueur représentés symboliquement par Isaac, sur la gauche de l'Arbre de Vie, afin de se protéger du Mal, Laban.

(Zohar I/165a)

 

Genèse 43/18: " Mais ces hommes s'alarmèrent (wayir-ou haanashim) en se voyant introduits dans la maison de Joseph et ils dirent: "C'est à cause de l'argent remis la première fois dans nos sacs, qu'on nous a conduits ici, pour nous accabler et se jeter sur nous, pour nous rendre esclaves, pour s'emparer de nos ânes"

 

Rabbi Yossi dit: Malheur aux hommes qui ne connaissent, ni cherchent à connaître les voies de la Torah. Malheur à eux, le jour où D. les appellera pour rendre compte de leurs actions, lorsque l'âme sera séparée du corps, au jour du Jugement Dernier, quand les Livres des Comptes seront ouverts. Le serpent, lui, sera là prêt à mordre, frémissant de toute sa longueur pour sauter sur lui. Ce jour est un jour de colère et d'indignation…

Apprends que le bon instinct t'oriente vers la joie de la Torah et que le mauvais penchant t'attire vers le vin, la lubricité et l'arrogance. Ainsi, tout homme devrait avoir la crainte de ce Grand Jour, le Jour des Comptes, où personne ne peut le défendre en dehors de ses bonnes actions dans ce monde-ci.

Tous hommes vaillants, les frères de Joseph étaient pourtant effrayés quand un jeune les fit entrer dans la maison de Joseph. Alors, imaginez la terreur de l'homme devant le SbS lors du Grand Jour. C'est pourquoi tout homme doit fortifier sa foi dans le Seigneur et lui faire confiance; car s'il a péché et qu'il se repent sincèrement, son défenseur est D. lui-même, et c'est comme s'il n'avait pas commis de péché.

Les frères de Joseph étaient effrayés du fait de leur conduite et de leurs péchés à son égard; sinon, pourquoi auraient-ils cette frayeur ? Tout péché affaiblit et rend lâche, enlevant toute force à l'individu, le bon penchant étant alors paralysé, ne pouvant neutraliser la mauvaise pulsion. C'est ce qui est dit dans Deutéronome 20/8: "Les préposés adresseront de nouveau la parole au peuple, et diront: "S'il est un homme qui ait peur (mi ha-ish hayaré) et dont le cœur soit lâche (rakh halévav), qu'il se retire et retourne chez lui, pour que le cœur de ses frères ne défaille point (wélo yimass et lévav eh'av) comme le sien!"

(Zohar I/201b-202a)

 

Notes

(1) "Shamor" est du féminin, du côté de la gauche, expression utilisée dans Deutéronome 5/11: "Observe le jour du Sabbat pour le sanctifier, comme te l'a prescrit l'Éternel, ton Dieu" - Et "Zakhor, masculin, du côté de la droite est utilisée dans Exode 20/8: " Pense (souviens-toi) au jour du Sabbat pour le sanctifier", pour le Commandement du shabat. Pour certains, les 2 expressions sont symbolisées dans l'axe de l'Arbre de Vie par Yesod-zakhor/malkhout-shamor.

(2) Expression liée aux séfirot, le carré représentant le bas de l'Arbre de Vie, en deçà de Malkhout et le cercle le Haut, au-delà de Keter - Selon les Qabalistes, le cercle est H'okhmah, le carré est Binah et le point est Kéter, au-delà duquel se situe l'univers inconnu du tétragramme.

(3) 35 mots dans le qidoush sans l'expression de l'élection parmi les nations

(4) Bereshit peut se lire yod/resh/aleph – shin/taw ou il craint shet, le fondement

(5) Ces 7 palais sont les 7 séfirot inférieures de l'Arbre de Vie.