INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR
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LE PARDON
La "faute" est pardonnée si on a expié ou si on s'est repenti ou si on a fait "retour" sur soi ou vers la transcendance (téshouvah).
Il se trouve qu'en hébreu plusieurs expressions expriment la notion de pardon qui est étroitement liée aux notions d'expiation et de repentance.
"Sa na" est l'expression biblique la plus courante
pour dire "pardonne-moi, s'il te plaît", dans le sens de lever (la
punition), de pardonner, venant de la racine nassa ou noun/sin/aleph. La
première occurrence se situe dans le récit des transgressions de Sodome et D.
promet ce pardon à Abraham qui veut sauver son neveu Lot et qui supplie D. de
leur pardonner, si on peut trouver dans la ville 50 justes. Genèse 18/26: "Le
Seigneur répondit: "si je trouve à Sodome, au sein de la ville 50 justes,
je pardonnerai à toute la contrée, grâce à eux"
"Kaparah" de la racine khaf/pé/resh est une expiation prélude au pardon et le pardon lui-même, avec comme étymologie un lavage, un nettoyage (pour effacer toute faute), une couverture (pour endiguer ou juguler). En effet, sur le plan de la sémiologie "on couvre ce qui est en ébullition". La première occurrence biblique se trouve dans la résolution du contentieux entre Jacob et son frère Esaü, qui est sensé lui pardonner dans Genèse 32/21 en montrant un visage bienveillant.
Par la suite la Kaparah est devenue un sacrifice, un bien animal ou végétal, une offrande végétale ou minérale, qui sont offerts en vue d'un rapprochement avec la transcendance ou d'une "élévation" de son âme. Le bouc émissaire qui emporte avec lui "les fautes" fait partie du processus expiation-repentance-pardon
"Haslah'ah" ou "sélih'ah" de la racine samekh/lamed/h'eth a pour sens le pardon, l'oubli de l'offense, avec comme étymologie l'aspersion d'un liquide et la prière de pénitence. La première occurrence biblique est en Exode 34/9: " et il (Moïse à D.) dit: "ah si j'ai trouvé faveur à tes yeux, Seigneur, daigne encore marcher au milieu de nous! oui, ce peuple est indocile (a la nuque raide), mais tu pardonneras notre iniquité et nos péchés, et nous resterons ton héritage", quand Moïse s'est prosterné devant D. après l'énoncé des 13 mesures de compassion divine.
"Néh'amah" de la racine noun/h'éth/mém a pour sens
la consolation et la compassion après la rédemption, mais aussi le regret
(comme pardon je regrette) ou le soulagement après une vengeance. Sur le plan
sémiologique il s'agit de la compréhension des causes d'une faute matérielle.
On retrouve cette idée dans la première occurrence biblique, après les
premières transgressions des hommes, Genèse 6/7: "Et l'Eternel dit:
"j'effacerai l'homme que j'ai créé, de la surface de la terre, depuis
l'homme jusqu'à la brute, jusqu'à l'insecte, l'oiseau du ciel, car je regrette
de les avoir faits"
La création fut-elle "une erreur" ou bien le mal à l'origine de la transgression est-il une nécessité regrettable ?
La transgression du premier homme conçu par D. est comme un déracinement du ciel et de la terre ou comme un désordre qui s'installe dans le fondement du monde, qui est la première alliance, celle du feu (Béreshit, au début principiel = brith esh, l'alliance du feu = bara shit, il créa le fondement). L'alliance sera rétablie au Mont Sinaï, au moment du don de la Torah, la Torah rétablissant la stabilité. L'acceptation de la Torah par Israël compense la transgression d'Adam.
Mais déjà Adam s'était repenti, c'est pourquoi D. lui donna un fils qui s'appelle "Shet" ou shin/taw, celui qui "transmet le signe", dont la descendance donnera une humanité capable de repentance. Cette repentance a été créée avant l'univers matériel.
En acceptant les commandements et le "shabat" ou shin/bet/taw, jour de repos hebdomadaire, Israël a introduit l'intériorité ou "bet" dans le "shet" ou fondement shin/taw.
L'étude de la Torah ouvre les yeux de celui qui a transgressé; alors il se repent et fait un retour sur soi ou vers la transcendance; "la punition décrétée contre lui est alors levée ou annulée". La faute "réparée" c'est comme si celui qui l'avait commise remettait son habit à la "shékhinah" ou présence divine, qui était dénudée à cause de cette faute.
Grâce à la repentance, la lune est pleine, débarrassée de l'étreinte du "serpent", image de l'incitation au mal. Alors la lune brille et elle intercède en faveur d'Israël, comme une "mère à l'égard de ses enfants".
L'expiation par le "sacrifice" est nécessaire pour que les effluves divines puissent descendre et imprégner les "nations"; alors celles-ci ne se préoccupent plus d'Israël.
L'excès d'attention des "nations" à l'égard d'Israël est ainsi le signe de transgressions non réparées.
De la même façon, envoyer "le bouc émissaire" (à la néoménie et au jour du Grand Pardon) est un geste d'expiation qui donne au "serpent" du mal, un "os à ronger" et qui l'occupe un moment, protégeant ainsi Israël de ses méfaits.
Ceci est comparable au berger qui jette au loup un agnelet pour sauver le reste du troupeau de son emprise.
Toute offrande d'un pauvre est acceptée, même si sa pensée reste coupable, par ce qu'en fait, il fait deux offrandes, la seconde étant celle de son corps et de son sang; car bien que n'ayant rien à manger, il apporte néanmoins quelque chose en offrande.
Quand un homme transgresse en secret ou dans l'intimité, s'il se repent, dans sa compassion, D. lui pardonne. Sinon, sa punition sera publique aux yeux de tous.
Si les mérites d'un homme dépassent ses transgressions, il sera protégé (caché), le jour où le "destructeur parcourra le monde pour l'exterminer". Le son de la corne de bélier (shofar) a pour but d'éloigner ce destructeur.
Il existe un lieu sur lequel le "destructeur" n'a pas de prise; au-dessus de cet endroit, une lettre de l'alphabet est suspendue, la lettre "téth", lumière de la vie, du bien (thov).
Ce lieu s'appelle "louz".
La prière sincère, les pleurs et la confession des fautes ouvrent les portes du pardon.
La construction d'un autel d'offrandes et d'expiation est la voie royale à la rémission des fautes. La construction du Temple est un moyen d'obtenir le pardon des péchés et de rendre possible le monde à venir.
Le sacrifice d'un animal est l'expiation de mauvaises pensées cachées au fond du cœur; c'est aussi se débarrasser de l'esprit "bestial" qui s'est emparé de notre âme à notre insu. La combustion du sang (rouge) en fumée (blanche) est équivalente à la transformation de la rigueur en miséricorde.
L'offrande d'encens sur un plateau gravé des lettres du Nom est une offrande de la joie de la repentance: elle écarte le "mauvais penchant" et le mal et elle incite au pardon. Il y a ajustement et concordance entre le Haut et le Bas, entre transcendance et immanence.
L'offrande bénévole et volontaire sans réparation de faute est celle qui élève l'âme.
Lors de la circoncision d'un nouveau né, on retourne une peau en excès qu'on excise et qu'on enterre: c'est une forme d'offrande par le détachement d'un créé matériel et pour un attachement avec l'"ailleurs".
Changer son nom est une forme d'expiation symbolique d'une transgression.
Un juste intercède pour les transgressions de toute l'humanité.
Un Juste qui expie pour l'humanité est analogue à un sacrifice.
Les bonnes actions d'un "méchant" qui ne se repent pas sont attribuées au Juste qui transgresse et qui disparaît avant son heure, afin de compléter son "habit" qui va lui permettre d'accéder au monde à venir.
Il y a un endroit secret appelé "profondeur du puits" d'où coulent des ruisseaux et des rivières dans toutes les directions. Ce lieu caché s'appelle "repentance" et celui qui désire se repentir et se purifier de ses fautes, doit appeler le divin à partir de cette profondeur.
Zohar –
Genèse 56a, 64a, 65b, 71b, 94b, 114a, 115a, 145b, 191a/b, 228b – Exode 20a/b,
33a, 66b, 82b, 106a/b, 107b, 151b, 152a, 207b, 217b, 219b – Lévitique 9a/b,
11a/b, 15a/b, 16a, 18b, 37a, 44b, 57b, 69b, 70a, 101a -
Nombres 218a/b, 240a/b, 241a,
Albert Soued – 24 novembre 2003
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