INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR

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LA MÉDISANCE ET LA CALOMNIE

 

La Torah

 

"Motsi shem raa'" est l'expression qui caractérise ce qu'on appelle aujourd'hui la "désinformation". La Torah en parle dans Deutéronome 22/14-19 à propos de la calomnie d'une vierge par son époux, après la nuit de noces, calomnie qui est vilipendée et l'époux calomniateur est puni de 100 sicles d'argent et condamné à ne pas pouvoir divorcer.

Deux commandements interdisent implicitement la propagation d'une information pouvant nuire à autrui:  Lévitique 19/16- 25/17: "Ne va point colportant le mal parmi les tiens…." & "Ne vous lésez point l'un l'autre (par la parole)…"

De nombreux versets sont liés au mensonge, à la fausseté, à la dérision et à la violence des propos qui sont très mal vus par le texte biblique.

La médisance et la calomnie sont surtout décrites et condamnées dans les Psaumes et les Proverbes. Ainsi Proverbes 18/21: "La mort et la vie sont au pouvoir de la langue…" et Proverbes 21/23: "Mettre un frein à sa bouche et à sa langue, c'est se préserver de bien des tourments". De même Psaumes 34/14: "Préserves ta langue du mal et tes lèvres des discours perfides" et Psaumes 73/9: "Leur bouche s'attaque au ciel; leur langue promène ses ravages sur la terre", pour dire que ceux qui n'ont pas de foi, ne respectent aucune loi et n'ont aucune retenue dans leurs propos.

 

La Tradition

 

La Tradition est prolixe en matière de médisance. Ainsi le divin ne peut supporter la calomnie et la Présence divine ou "shékhinah" se voile (Deut Rabba 5/10-Sota 5a).

D'après le Talmud (Ar 15b), la médisance dépasse les 3 transgressions que sont le meurtre, l'adultère et l'idolâtrie. Elle détruit 3 personnes, celui qui la profère, celui qui la reçoit et la transmet et celui qui est visé. Elle se propage comme le feu (3 branches du shin) et elle est comparée à une braise qui continue à flamber et à se propager longtemps et loin, sans que cela ne soit visible.

Un exemple tout simple de médisance: "le feu flambe dans le four d'untel" est une information. Mais dans un certain contexte, elle peut être une désinformation, comme si on disait, "ailleurs le feu ne flambe pas; il flambe chez untel, car il y a beaucoup de viande et de poissons" (il est riche!)

La calomnie est comparée à une flèche dont la portée est de 50 coudées; elle va donc loin et on ne peut l'arrêter en route, contrairement à l'épée dont le porteur peut se raviser et la remettre dans son fourreau. Elle est comparée à la piqûre d'un serpent dont le venin se propage vite de l'endroit piqué vers les principaux organes.

Pourtant la langue est bien protégée par le palais, les joues et les dents: imaginez les ravages qu'elle produirait si elle était en évidence comme un doigt ou une oreille!

Celui qui propage des calomnies mourra de la peste ou de la lèpre, se retrouvera dans la Géhenne, puis il sera retranché, car il n'a pas sa place dans le Monde à venir.

 

Lors de la repentance de Yom Kippour, sur 43 péchés énumérés, 11 concernent le langage. D'une façon générale, on ne doit pas répéter ce qu'on a entendu, ni parler en bien ou en mal de quiconque, car cela risque d'être mal interprété ou d'offenser son interlocuteur. On est autorisé à parler quand on témoigne devant un tribunal ou quand son prochain est en danger.

D'une façon générale, dans la Tradition et la loi juive toute information doit être considérée comme secrète, à moins que le contraire ne soit spécifié. La discrétion est une règle de conduite importante.

 

Le Zohar

 

Pour le Zohar le calomniateur est mû par l'Ange accusateur, ou Satan qui incite l'être humain à médire, qui accuse celui qui médit et qui exécute la sentence contre lui (souffrir et mourir de la lèpre par exemple).

La lèpre n'atteint pas seulement celui qui est rendu impur par des propos calomnieux, mais aussi celui qui les reçoit s'il ne réagit pas en rétablissant la vérité, quand il peut le faire, à un moment opportun…

Le mutisme est aussi répréhensible que la calomnie.

La calomnie est comparée à une épée tranchante et celui qui la manie mourra par la même épée.

Deux exemples de personnages qui ont succombé aux méfaits du Serpent/Satan: les Explorateurs de la terre promise qui sont revenus en médisant et qui en sont morts (sauf Josué et Caleb qui n'ont pas médit) et Korah' qui a été puni de mort pour avoir médit, en renversant par la parole l'ordre établi en Haut et en Bas. Dans les préséances du Sanctuaire, Korah' a, par la parole, inversé la droite liée à Aaron et la gauche liée aux Lévites.

 

Pour éviter de succomber à l'action néfaste du Serpent/Satan, il faut lui donner "un os à ronger" d'où le sacrifice d'un bouc qui reçoit toute l'impureté et l'emporte avec lui. Le moment où Israël est le plus vulnérable, c'est lors de son jugement entre le Nouvel An et Kipour, et c'est là où les nations s'acharnent en calomnies contre lui. Le son du shofar (corne de bélier) a pour but d'éloigner le Calomniateur et les sacrifices le neutralisent.

 

D'après la physiognomonie du Zohar, le mystère des lèvres appartient à la lettre "pé" (bouche), quand elle est incluse dans le "samekh" (support fermé).

Les lèvres épaisses et sèches sont le signe d'un être insolent, intolérant et médisant sans aucune honte. Quand il est barbu, sa fausseté est plus visible, et il faut éviter une telle personne, car sa médisance est impitoyable quand elle atteint sa cible. On repère cet individu car le "pé" de sa bouche n'est pas inclus dans un "samekh", mais parfois dans un "resh" (p/r="par" débordement, exagération qui a donné la racine pé/resh/a'yin, ou désordre, bouche du mal, pharaon). En fait la bouche en "pé" non inclus dans un "samekh", avec des "lèvres épaisses et sèches" donne un rictus caractéristique d'un calomniateur.

 

Voir Bereshit 64a, Shemot 122a, Vayiqra 31b, 46b, 52b, Bémidbar 121b, 149a, 161a, 176a.

 

 

Albert Soued – 4 novembre 2003

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