INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR

 

LA  LIBERTE  SELON  LE  ZOHAR

 

Genèse 6/14: "Fais-toi une arche de bois de gôfèr; tu distribueras cette arche en cellules, et tu l'enduiras, en dedans et en dehors, de poix"

 

Rabbi Hiya dit: le monde était dans un état de pauvreté et de délabrement après la transgression d'Adam, jusqu'à l'arrivée de Noah qui vint offrir un sacrifice, alors la prospérité revint.

Rabbi Yossi dit: le monde n'a pas été installé correctement, et la terre n'a pas été purgée de la souillure du serpent, jusqu'au moment où le peuple d'Israël se tint debout au Mont Sinaï, pour recevoir l'Arbre de Vie, alors le monde fut établi fermement. Si Israël n'avait pas rétrogradé et péché devant le SbS, personne ne serait mort, du moment où l'écume du serpent avait été purgée. Mais le péché a entraîné la brisure des premières Tables de la Loi, ces Tables qui leur avaient apporté la Liberté totale, en les libérant du Serpent, qui est "la fin de toute chair" (la mort dans ce monde-ci).

(Zohar I/63b)

 

Genèse 8/1: "Alors Dieu se souvint de Noé, et de tous les animaux sauvages et domestiques qui étaient avec lui dans l’arche. Dieu fit passer un souffle sur la terre, et les eaux se calmèrent"

 

Rabbi Shiméo'n dit: quand je prie je lève mon bras vers le haut, afin que mon esprit soit concentré vers le Haut, mais il y a encore plus haut qu'on ne peut atteindre ni comprendre, qui est totalement caché, qui a tout produit dans l'in- connaissance et qui a réverbéré tout en étant scellé. Dans le processus qui suit le désir de s'élever par la pensée pour en être illuminé, un fragment de cette lumière scellée se détache et vient à la rencontre de cette pensée, à travers 9 Palais (hékhalot). Personne ne peut en saisir le sens, car ces Palais ne sont ni des lumières, ni des esprits, ni des âmes. Pourtant nous languissons après ces 9 Palais centrés sur notre Pensée, bien qu'ils soient "in-connaissables", hors de portée de notre compréhension….

Tous les mystères de la foi sont inclus dans ces Palais et les lumières qui découlent de cette Pensée mystique suprême sont appelées "Ayn Sof" ou "sans fin". Cette Pensée, bien qu'"in-connaissable", quand elle illumine plus bas est habillée et enveloppée dans le Discernement "Binah"….

C'est cela la symbolique du sacrifice…. En ce qui concerne "la fin de toute chair", comme, au moment du sacrifice, il y a une union avec la joie en Haut, de même en Bas, il y a joie et apaisement. Par conséquent, il y a la satisfaction Haut et Bas et la Mère regarde avec amour ses enfants. A chaque pleine Lune, la "fin de toute chair" reçoit une portion supplémentaire, pour détourner son attention d'Israël, qui est alors livré à lui-même, en toute liberté, pour communier avec son Roi ! (1)

Cette portion supplémentaire provient du bouc (tsai'r), c'est la portion d'Esaü, selon Genèse 27/11: "Jacob dit à Rébecca sa mère: "Mais Ésaü, mon frère, est un homme velu et moi je ne le suis pas"

(Zohar I/65a)

 

Genèse 9/25: "…et il (Noah) dit : "Maudit soit Canaa'n! Qu'il soit l'esclave des esclaves de ses frères!"

 

C'est à travers lui que la malédiction est revenue sur la terre. Ce verset est lié au Serpent qui, parmi tous les animaux, a été maudit dans Genèse 3/14: "L'Éternel-Dieu dit au serpent "Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres: tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie". Alors que tous les autres animaux seront sauvés dans le monde à venir, le serpent ne sera pas sauvé. Tous seront libérés, mais pas lui. C'est un mystère connu de ceux qui sont initiés dans les voies et les sentiers de la Torah. (2)

(Zohar I/73b)

 

Genèse 17/1: "Abram étant âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, le Seigneur lui apparut et lui dit: "Je suis le Dieu tout-puissant; conduis-toi à mon gré, sois irréprochable"

 

Un autre maître interpréta le verset de l'Ecclésiaste 10/17: "Heureux le pays, où le roi est fils d'hommes libres (ben h'orin)  et si ses dirigeants mangent à l'heure voulue, pour prendre des forces et non par goût de la boisson"- Mais juste avant il est écrit autre chose: "Malheureux le pays, si ton roi est un esclave; et si les grands font ripaille dès le matin". Mais il n'y a pas de contradiction formelle entre les 2 versets. "Heureux le pays" concerne le monde d'en Haut qui protège le Bas comme écrit dans Deutéronome 11/12: "un pays sur lequel veille l'Éternel, ton Dieu, et qui est constamment sous l'œil du Seigneur, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin" et dans Deutéronome 8/9: "un pays où tu ne mangeras pas ton pain avec parcimonie, où tu ne manqueras de rien; les cailloux y sont du fer, et de ses montagnes tu extrairas du cuivre".

D. est appelé "fils de la liberté", du fait du Jubilé (yovel), qui est la source de la liberté. On doit ainsi s'attendre au mot "h'érout" dans le texte et non "h'orin" qui est un pluriel, concernant des "hommes libres". Quand le "Yod" situé à Hokhmah, la Sagesse s'unit à Hé, dans Binah, le Discernement, cette union est indélébile et provoque l'écoulement (shéfaa') de la rivière d'Eden qui irrigue le Jardin, comme dans Genèse 2/10: "Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin; de là il se divisait et formait quatre bras"

Cette union pérenne explique le pluriel dans la liberté.

A l'opposé, "Malheur au pays dont le prince est un enfant", il s'agit du monde inférieur, celui des 70 nations et des chefs qu'ils ont choisis, et au dessus d'eux c'est Lui, comme dans Psaume 37/25: "J’ai été jeune et je suis devenu vieux: jamais je n’ai vu un juste délaissé, ni ses enfants obligés de mendier leur pain"; il s'agit de Métatron (3).

Malheur au monde qui se nourrit de ce côté néfaste de l'idolâtrie. De même, Israël quand il est en exil ou en captivité, succombe à l'adoration du soleil ou de la nature et il en est asservi.

Quand il est chez lui et libre, Israël s'abreuve auprès de la Shékhinah comme il est dit dans Deutéronome 4/4: "Et vous qui êtes restés fidèles à l'Éternel, votre Dieu, vous êtes tous vivants aujourd'hui!"

(Zohar I/95b-96a)

 

Genèse 23/2: "Sara mourut à Kiryat-Arbaa', qui est Hébron, dans le pays de Canaan; Abraham y vint pour dire sur Sara les paroles funèbres et pour la pleurer"

 

Rabbi Yéhoudah commente le verset de l'Ecclésiaste 10/17: "Heureux pays, si ton roi est un fils d'hommes libres et si les grands mangent à l'heure voulue, pour prendre des forces et non par goût de la boisson!" Les Compagnons ont déjà expliqué le sens, mais on peut aussi comprendre que ce pays est Israël, à qui le SbS a donné la Torah, et qu'Israël, qui étudie ses sentiers secrets, révèlerait les sublimes mystères qui y sont contenus. Le pays ici est le pays de la vie, un pays qui est heureux parce que le Roi y déverse toutes les bénédictions émises par les patriarches, à travers l'influence mystique de la lettre waw, se situant dans Tifeéret, la Beauté, et qui est fille de la liberté (ensemble Hokhmah/ Binah, Sagesse/Discernement formant la Connaissance), fille du Yovel (Jubilé), au moment où on obtient la liberté pour les esclaves.

(Zohar I/124b)

 

Genèse 24/13: "Voici, je me trouve au bord de la fontaine et les filles des habitants de la ville sortent pour puiser de l'eau"

 

Rabbi Eléazar commente le Psaume 119/18: "Dessille-moi les yeux (gal é'nay), pour que je puisse contempler les merveilles issues de ta Loi", disant que ceux qui ignorent la Torah et ne l'étudient pas sont dénués de discernement. Car l'étude la Torah donne un sens à la vie et apporte la liberté et la joie dans ce monde et dans le monde à venir. Cette étude remplit les jours dans les 2 mondes, comme dit dans Exode 23/26: "Nulle femme n'avortera, nulle ne sera stérile dans ton pays; je comblerai la mesure de tes jours". La Torah c'est la plénitude de la vie, une vie de délice et de sérénité, sans morosité, une vie de liberté, de totale liberté. Car quiconque étudie la Torah ne pourra être subjugué par aucune nation au monde. De plus il est délivré de l'Ange de la Mort, qui n'a plus aucun pouvoir sur lui.

On objectera que certains Justes ont été des martyrs, comme rabbi Aqiva et ses collègues: en effet, il s'agit là d'un décret venant d'en haut ayant un objectif particulier….

Si Adam s'était attaché à l'Arbre de Vie, qui est tout simplement la Torah, il n'aurait pas attiré la mort sur lui et sur le reste du monde. C'est pourquoi, lors du don de la Torah, il est écrit "H'érout", Liberté dans Exode 32/16: "Et ces tables étaient l'ouvrage de Dieu (maa'sséh élohim); et ces caractères gravés (h'arout) sur les tables étaient des caractères divins (mikhtav élohim)" (4)

(Zohar I/131b)

 

Genèse 26/1: "II y eut une famine dans le pays, outre la première famine qui avait sévi du temps d'Abraham. Isaac alla chez Abimélekh, roi des Philistins, à Gherar"

 

Quand D. se délecte de l'âme d'un individu, il afflige son corps dans le but de libérer totalement son âme. Car aussi longtemps que l'âme est liée au corps, elle ne peut s'exprimer totalement et exercer son pouvoir, elle ne peut le faire que le corps est brisé, voire écrasé. D. met à l'épreuve les Justes pour les affermir comme des pierres éprouvées, la pierre angulaire mentionnée par le prophète Isaïe dans 28/16: "Mais ainsi a parlé le Seigneur, l'Eternel: Voici, je vais, dans Sion, ériger une pierre de fondation, une pierre éprouvée, une précieuse pierre d'angle solidement fixée; quiconque s'y appuiera ne sera pas réduit à fuir". Mais D. hait l'âme du méchant et celle de celui qui aime la violence.

(Zohar I/140b)

 

Genèse 28/10: " Jacob sortit de Beer Shava et se dirigea vers Haran"

 

Selon nos maîtres les affaires de ce monde-ci sont régies par les forces du Mal, la pulsion du Mal s'emparant du corps et le souillant, jusqu'à ce que l'âme s'en détache. Ces forces n'agissent que si elles sont autorisées à le faire. Elles procèdent par la gauche qui est la "fin de toute chair", mais pas "la fin de tout esprit". La gauche domine la chair, l'extérieur de l'être et la droite domine l'esprit, l'intérieur de l'être, ceci dans le sens purement mystique. Observe un profond et saint mystère de la foi, les symboles des principes mâle et femelle de l'univers. Au Sud nous avons toute la sainteté et l'objet de la foi, toute la vie, toute la liberté, toute la bonté, toutes les illuminations qui en émergent, toutes les bénédictions, toutes les rosées bénéfiques qui en découlent, toutes les grâces et les gentillesses qui s'en dégagent, elles sont toutes engendrées du côté du Sud. A l'opposé du Nord où une variété de niveaux se dirige vers le bas, vers le monde inférieur, domaine du rebut, de l'impureté, de ce qui est répugnant….

(Zohar I/152b-153a)

 

Genèse 39/2: "Le Seigneur fut avec Joseph, qui devint un homme heureux et fut admis dans la maison de son maître l'égyptien"

 

D. protège les Justes, et par égard pour eux, il protège aussi les Méchants, afin que ceux-ci reçoivent des bénédictions, à travers les Justes, car il est écrit dans 2Samuel 6/12: "Le roi David, ayant appris que le Seigneur avait béni la maison et tous les biens d'Obed-Edom à cause de l'arche divine, y alla, et fit transporter l'arche divine de la maison d'Obéd-Edom à la Cité de David, avec des réjouissances"

D'autres sont soutenus par le mérite de ces Justes, mais ils sont incapables de s'en sortir par leurs propres mérites. Ainsi malgré que son maître fût béni pour son mérite, Joseph ne put se dégager de lui par ses propres mérites et gagner sa liberté. D'ailleurs il fut jeté par la suite dans les geôles égyptiennes, comme il est dit dans Psaume 105/18: "On chargea ses pieds de liens, son corps fut retenu par les fers" - Jusqu'à ce que D. le libère et le fasse devenir maître de toute l'Egypte.

D. protège les Justes dans ce monde-ci et dans le monde à venir, comme il est écrit que D. n'oublie jamais ses saints et il les protège à jamais, ainsi dans le Psaume 5/12: "Alors se réjouiront tous ceux qui s’abritent en toi, ils jubileront à jamais, car ils ont ta protection; et ils triompheront en toi, ceux qui aiment ton nom"

 

Genèse 42/1: "Jacob, voyant qu'il y avait vente de blé en Égypte, dit à ses fils: "Pourquoi vous entre regarder ?"

 

Rabbi Yossi et Hézékiah voyageaient ensemble de Cappadoce à Lod, avec eux un Judéen conduisant un âne chargé de vêtements. Rabbi Yossi dit à Rabbi Hézékiah: répètes-moi un des tes excellents exposés sur la Torah que tu as l'habitude de faire devant la Lampe sainte. Alors Rabbi Hézékiah commença à commenter le Proverbe 3/17: "Ses voies sont des voies pleines de délices, et tous ses sentiers aboutissent à la paix"(darkhéha darkhé noa'm, kol nétivotéha shalom). Ces "voies" sont les chemins de la Torah, car quiconque y pénètre est investi par le SbS, avec la grâce de la Présence Divine, comme accompagnement et quiconque suit ces "sentiers" bénéficie de la paix en Haut comme en Bas, paix en ce monde-ci et paix dans le monde à venir.

Le Judéen intervint pour dire qu'il y avait un sens plus profond dans le verset, comme "une pièce d'or dans un coin de la cassette".

Les Rabbis lui demandèrent "comment le sais-tu ?" Il répondit que le sens caché lui avait été enseigné par son père: ce proverbe contient 2 idées, une idée suggérée par le couple voies/délices, l'autre par le couple sentiers/paix. On les retrouve Isaïe 43/16: "Ainsi parle l'Eternel, qui trace un chemin (derekh) dans la mer, une route (nétiv) à travers les eaux impétueuses". Le mot "voie" est toujours une voie ouverte dans la Torah, accessible à tous, par conséquent les voies sont celles tracées par nos patriarches, ouvertes à tous et qui ont traversé les océans, se ramifiant dans toutes les directions. Les délices viennent d'en haut et illuminent dans toutes les directions. (5) Les délices sont celles du monde à venir, joie, félicité, lumière, et toute la liberté, la liberté universelle.

Ainsi quand vient le shabat, les pécheurs de Guéhinam obtiennent un répit et, nous-mêmes à la fin du shabat, nous sommes délivrés de la punition qui s'abat sur eux, en récitant le Psaume 90/17: "Que la bienveillance (noa'm) de l’Eternel, notre Dieu, soit avec nous! Fais prospérer l’œuvre de nos mains; oui, l’œuvre de nos mains, fais-la prospérer"

(Zohar I/197a)

 

Genèse 48/9: "Joseph répondit à son père: "Ce sont mes fils, que Dieu m'a donnés dans ce pays." Jacob reprit: "Approche-les de moi, je te prie, que je les bénisse."

 

Rabbi Yéhouda commenta le Psaume 123/1: "…Vers toi j’élève mes regards, ô toi qui résides dans les cieux!". Il dit : la prière dite avec ferveur se niche en haut, de là où descendent toutes les bénédictions et toute liberté, pour soutenir l'univers. Elle s'attache en Haut au Mystère Suprême de la Sagesse et en bas à celui qui s'assied sur le trône des patriarches appelé Ciel, qui reçoit les bénédictions issues de la niche supérieure. Du Ciel, celles-ci partent vers les "Justes qui sont le fondement du Monde". (6)

(Zohar I/229a)

 

Exode 6/9: "Moïse redit ces paroles aux enfants d'Israël mais ils ne l'écoutèrent point, ayant l'esprit oppressé (qotser rouah') par une dure servitude (a'voda qasha)"

 

Quel est le sens de l'expression "esprit oppressé" ? Rabbi Yéhouda l'interprète littéralement "les enfants d'Israël n'avaient pas de repos, ni le temps de respirer. Mais Rabbi Shiméo'n y vit une expression mystique, le Jubilé, le monde de Binah, le discernement, le lieu transcendantal de "la Liberté", qui ne se manifestait pas encore pour leur donner le repos de l'esprit. De plus l'esprit de Malkhout, celui de la Présence divine ou Shekhinah ne leur parvenait pas encore, d'où l'oppression dans l'attente. (7)

(Zohar II/25b)

 

Exode 12/3: "Parlez à toute la communauté d'Israël en ces termes: Au dixième jour de ce mois, que chacun se procure un agneau pour sa famille paternelle, un agneau par maison"

 

De même Rabbi Shiméo'n interpréta le verset de l'Exode 12/15: "Sept jours durant, vous mangerez des pains azymes; surtout, le jour précédent, vous ferez disparaître le levain (séor= sin/aleph/resh) de vos maisons. Car celui-là serait retranché d'Israël, qui mangerait du pain levé (h'amets), depuis le premier jour jusqu'au septième". Pour lui "séor" et "h'amets" ou "mah'metset" c'est la même chose, ils représentent les forces démoniaques, les mauvaises pulsions, les nations du monde païennes et ennemies d'Israël qu'on peut aussi désigner par "illusion entraînant le mal", "domination étrangère", "dieux étrangers ou étranges". D. a dit que pendant toutes ces années nous avons été esclaves d'un autre peuple, mais aujourd'hui nous sommes des gens libres, et c'est pourquoi nous écartons tout ce qui est levé…

Rabbi Yéhouda demande pourquoi seulement 7 jours d'interdiction.

Rabbi Shiméo'n lui répond que la cérémonie n'est nécessaire que lorsque Israël a besoin de montrer le fait qu'il était libre, et pour cela on n'a pas besoin de faire la fête tout le temps. Chaque année il faut se remémorer et célébrer la joie et le bonheur d'être libres, en honneur de l'Eternel qui nous a libérés du pouvoir de l'impureté et nous a introduits dans sa sainteté.

(Zohar II/40a)

 

Exode 13/22: "La colonne de nuée, le jour et la colonne de feu, la nuit, ne cessaient de précéder le peuple."

 

Pourquoi les enfants d'Israël étaient obligés d'errer nuit et jour comme des fuyards ? Le SbS ne les protégeait-il pas, en les menant vers son objectif? En fait c'était une forme d'enseignement de l'harmonie globale, c'est-à-dire l'alliance des 2 attributs divins de la Tifeéret (Beauté) et de Malkhout (Royaume). La colonne de feu qui représente le Royaume se lève la nuit pour éclairer les 2 parties, comme un phare attirant vers leur perte les Egyptiens dans leur poursuite des Hébreux. La colonne de nuée qui représente la Beauté mène les Hébreux en dehors des chemins d'Egypte pour les entrainer vers la Liberté, du côté du Jubilé, comme écrit dans Isaïe 27/13: "En ce jour résonnera la grande trompette; alors arriveront ceux qui étaient perdus dans le pays d'Achour, relégués dans la terre d'Egypte, et ils se prosterneront devant l'Eternel, sur la montagne sainte, à Jérusalem"…. (8)

Après avoir erré 50 jours, la lumière des 50 du Jubilé (noun, la Connaissance) brilla sur eux, c'est le don de la Torah.

(Zohar II/46b)

 

Exode 39/41: "les vêtements sacrés d'Aaron le pontife et les vêtements sacerdotaux de ses fils"

 

… Rabbi Eléazar cita le Psaume 84/4: "Même le passereau (tsipor) trouve un abri, l’hirondelle a son nid (dror qen lah)  où elle dépose ses petits (efroh'éha). [Moi, je rêvais] de tes autels, Eternel-Cebaot, mon roi et mon Dieu".

Parmi les oiseaux du Ciel, certains font leur nid à l'extérieur, d'autres à l'intérieur des maisons, comme l'hirondelle qui ne craint pas l'homme. Pourquoi ? Parce qu'on l'appelle "dror" dont la traduction en araméen est "herou", ou liberté. Les hirondelles nichent dans la maison pendant 50 jours après avoir pondu, après chaque oiseau part là où il veut, librement. Ainsi il est écrit dans Lévitique 25/10: "Vous sanctifierez cette 50ème  année, en proclamant, dans le pays, la liberté pour tous ceux qui l'habitent (ouqratem dror baarets): cette année sera pour vous le Jubilé (yovel hi tihyéh lakhem), où chacun de vous rentrera dans son bien, où chacun retournera à sa famille"

La liberté pour tous émane de cette 50ème année, et c'est ainsi que la Torah, qui est issue le 50ème jour (Pâque-Pentecôte), est appelée "liberté". D'ailleurs les tables de la Loi sont gravées ou "h'arouth", homonyme de "h'érout", liberté. On libère et on se libère de la matière. La Loi du décalogue apporte la Liberté en toute chose, en toute sphère, en tout monde, en toute créature, en haut comme en bas….

A Shavouo't, au 50ème jour du o'mer" ou décompte, la pulsion au Mal est éliminée et la Torah=Liberté est accordée. Quand Israël a quitté l'Egypte, il ne savait rien de l'essence, ni du mystère de la foi. D. les a laissés manger une nourriture thérapeutique et pas une autre, pendant 7 semaines. Quand ils eurent fini de manger leur lot de "matsot" (pain sans levain), D. les a autorisés à manger du pain levé, parce qu'alors ce pain ne pouvait plus leur nuire, notamment à la Pentecôte. Car ce jour là, ils se nourrissent d'une nourriture céleste qui les guérit de tous les maux. Et le pain levé est offert pour être brûlé sur l'autel.

D'après le Talmud 2 pains étaient offerts aux prêtres pour être mangés et 2 autres étaient brûlés sur l'autel, 2 symboles, l'un, image de la nourriture du Ciel, l'autre celle de la pulsion au Mal qui est châtiée et ne règnera plus.

(Zohar II/183a-b)

 

Lévitique 1/3: "Si cette offrande est un holocauste pris dans le gros bétail, il l'offrira mâle, sans défaut. Il le présentera au seuil de la Tente d'assignation, pour être agréable au Seigneur"

 

En chemin, ils virent s'approcher Rabbi Abba. Ils se dirent: voilà un maître plein de sagesse qui arrive. Louons la Présence divine (shékhinah). Cependant, venu à leur niveau, il descendit de selle; s'approchant d'eux, il leur dit à propos du verset Exode 19/16: "Or, au troisième jour, le matin venu, il y eut des voix (qolot) et des éclairs (braqim) et une nuée épaisse (a'nane kaved) sur la montagne et un son du cor ( qol shofar) très intense (h'azaq méod). Tout le peuple frissonna dans le camp"

Les scribes d'antan divergent sur ce verset. Certains l'interprètent de manière à lire 2 choses différentes, "Il y avait des voix" et "le son du cor était intense", séparant les voix du cor, le son du cor étant le signal pour les esclaves de partir libres à jamais.

D'autres pensent que les voix et le son du cor sont les mêmes choses, le son dont est issue la Torah est dit "intense", car il n'y aucun mot de la Torah, même apparemment faible ou difficile qui, une fois analysé correctement, ne soit interprété comme aussi fort qu'un marteau qui brise le roc.

(Zohar III-6b)

 

Lévitique 25/9-10 :"Puis tu feras circuler le retentissement du cor (shofar téroua'h), dans le septième mois, le dixième jour du mois: au jour des expiations (kipourim), vous ferez retentir le son du cor à travers tout votre pays. Vous sanctifierez cette cinquantième année, en proclamant, dans le pays, la liberté pour tous ceux qui l'habitent (ouqratem dror baarets): cette année sera pour vous le Jubilé, où chacun de vous rentrera dans son bien, où chacun retournera à sa famille".

 

Rabbi Hiya cita le Psaume 32/1: "De David. Maskil. Heureux celui dont les fautes sont remises, dont les péchés sont couverts [par le pardon]!"

Que signifie "maskil" ? Les eaux donnent la Sagesse à ceux qui recherchent ce qu'on appelle "maskil", c'est-à-dire "celui qui donne des conseils ou de la considération". Le pardon et la totale liberté dépendent de lui.

Que signifie les "péchés sont couverts" ? Le péché fait devant D. et caché aux hommes doit être confessé à D.

(Zohar III/101a)

 

Rabbi Eléazar pose une question à Rabbi Shiméo'n: pourquoi ce 10ème jour est lié seulement à ce niveau? Plus qu'aucun autre jour, il devrait être au niveau du Roi.

R Shiméo'n lui répond: bonne question, mon fils. Le Roi a laissé son Temple et sa maison aux mains de la Matrona, laissant ses enfants avec elle, de manière à vivre avec eux pour les guider, les châtier s'il le faut.  S'ils sont vertueux, la Matrona sera joyeuse et honorée en présence du Roi. Dans le cas inverse, elle part en exil avec eux, comme écrit dans Isaïe 50/1: " Ainsi parle l'Eternel: "Où est l'acte de divorce de votre mère, par lequel je l'aurais répudiée? Auquel de mes créanciers vous ai-je vendus? Ah! Si vous avez été vendus, c'est à cause de vos fautes; si votre mère a été chassée, c'est à cause de vos péchés"

Au jour fixé dans l'année pour examiner la situation, la Mère d'en Haut (Binah) qui détient le "pouvoir de liberté", vient examiner Israël qui se prépare pour ce jour là, avec des prières et des jeûnes pour en être dignes. Alors la liberté lui est accordée ce jour là par la Matrona (Malkhout). Alors quand elle voit ses enfants, ceux du Roi qui lui étaient confiés, vertueux et sans faute, elle rejoint le Roi (Tifeéret) avec des sourires et de la joie, pour un parfait amour. Dans le cas inverse, si les enfants ne sont pas méritants, malheur à eux et pas de liberté. C'est pourquoi on a Lévitique 16/30: " Car en ce jour, on fera propitiation sur vous afin de vous purifier; vous serez purs de tous vos péchés devant l'Éternel." et Ezéchiel 36/25: " Et j'épancherai sur vous des eaux pures afin que vous deveniez purs; de toutes vos souillures et de toutes vos abominations, je vous purifierai"

(Zohar III/102b)

 

Notes

(1) Il faut savoir se détacher de ce qui est matériel, pour pouvoir s'élever spirituellement. C'est cela "retrouver sa liberté".

(2) Le Mal n'a pas de prise sur le monde à venir.

(3) L'archange Michaël qui garde l'entrée de l'Arbre de Vie et vérifie les connaissances et l'aptitude des âmes qui veulent entreprendre la montée.

(4) Dans ce verset, exceptionnellement "h'arout" est écrit avec un "taw" et non un "teth", comme il se doit.

(5) Les sentiers ou "nétivot" sont des chemins moins directs, parfois tortueux, toujours difficiles ou dangereux, pour parvenir à la paix.

(6) Comme les Justes, la Liberté est un soutien du monde.

(7) Comme le peuple hébreu, la Shékhinah était également en exil.

(8) On peut imaginer aussi que les 2 attributs divins sont la Rigueur (gvourah du feu) et la Miséricorde (h'essed de la nuée)

Albert Soued- 7/2/2011

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