LES SYMBOLES DANS LA BIBLE
LE SENS CACHÉ DES LETTRES HÉBRAÏQUES
ZAYIN
Septième lettre de l'alphabet, Zayin se prononce entre les dents.
Constituée de deux lignes parallèles, son dessin d'origine a évolué en intégrant un lien entre ces deux lignes qui ne se rejoignaient pas. Zayin est dérivé du signe Waw, le crochet de la couronne se prolongeant vers le bas, à droite. Ce signe ressemble à un sceptre, une épée, une décoration ou une boucle d'oreille.
D'après la Qabalah, le signe Zayin est le sceptre royal doré qui, par un mouvement, appelle à se rapprocher, la reine prête et décorée: c'est là le sens du crochet remontant du bas, qui est aussi la lumière réfléchie, celle qui revient.
Les différents sens du mot "zayin" sont liés à l'armure et à la parure qui donnent comme dérivés l'épée, le couteau, l'outil, l'apparat, mais aussi le fard, le sexe et la prostitution.
Zayin est le secret de l'union du couple zoug (zayin-waw-ghimel), celui de l'accomplissement de la sexualité, dans toute sa plénitude. Cette possibilité d'union terrestre soutient l'unité d'en haut. Elle nourrit la dualité précaire pour l'élever dans le sens de l'unité et pour éviter son écroulement dans la multiplicité.
Dans le récit de la Genèse apparaît au verset 11 du premier chapitre le mot "zéraa'", la semence, zayin-resh-a'yin: cette semence végétale nourrit l'homme. Mais la semence de l'homme peut soit concourir au projet divin d'union ou le mener vers l'Autre côté, le domaine non divin, celui des puissances démoniaques.
Associée à la lettre Hé, Zayin donne le mot "ceci", comme si on désignait du doigt la chose. De même, la splendeur est le "zohar", zayin-hé-resh, ou "ceci est la tête, la montagne": Zayin montre du doigt la lumière splendide de l'aurore qui perce l'obscurité de la nuit.
"Zman", zayin-mém-noun, est le temps, ou "ceci est la manne" ou "ceci est la question", l'interrogation: Zayin montre du doigt la création du temps par le questionnement.
La valeur du signe Zayin est sept. Sept est la dernière phase de la création, celle de la création du temps, à travers le shabat. Quand les eaux se sont séparées, le firmament est apparu progressivement, selon sept niveaux. D'après la Qabalah, les étincelles de lumière primordiale rémanentes ne se sont pas éteintes dans la création, grâce aux âmes des sept Justes. Les sept lampes de la ménorah, chandelier du Temple, sont à la fois chaleur et lumière, les "sept yeux qui parcourent le monde", les attributs divins de rigueur et de miséricorde.
Par son dessin et ses significations, la lettre Zayin résume bien la dualité de l'amour et de la crainte du divin: ces deux notions sont comprises comme un lien possible de deux lignes parallèles qui ne se rencontrent pas, lien qui est aussi la distance adéquate pour que les lignes ne se confondent pas, comme le trait diagonal du Z. La crainte et l'amour sont deux émotions essentielles à l'équilibre de l'homme, l'une, origine de la vie, l'autre, son but. La lumière incidente peut se réfléchir mais cette réflexion ne peut avoir lieu que lors de l'amorce d'un retour de l'homme, dans la possibilité d'union par l'amour.
H'ET
Le son "h'et" vient du fond de la gorge.
Le dessin d'origine est comme un mur, une barrière, une clôture. La fermeture du signe est évidente et l'ouverture n'étant perceptible que vers le bas. On peut assimiler ce signe à une issue souterraine ou inférieure dans une muraille.
D'après la Qabalah, le signe H'et est la voie d'entrée dans les secrets de la Torah, mais aussi une issue possible! On peut assimiler ce signe à l'association des deux lettres précédentes, Waw et Zayin, accolées par une pointe au sommet: c'est alors la réalisation de l'unité par le masculin (Waw) et le féminin (Zayin), la jonction au sommet étant le dais nuptial. Le divin plane au-dessus du couple comme un aigle protège ses aiglons dans leur nid, sans les toucher, de crainte de les blesser ou de les heurter.
Le sceptre et le crochet rassemblés sont également des images de la dualité et sont des symboles de l'Egypte ancienne, des deux pouvoirs du pharaon, temporel et spirituel.
H'et peut s'écrire avec un Taw ou un Teth (h'eth). Avec un Taw, H'et annonce "h'ay", le vivant et "hayah", la vie, qu'elle soit matérielle, spirituelle ou essentielle. Avec le Teth, H'eth devient le péché, la faute. H'eth est alors la nuit opaque, la chaleur de l'obscurité, la pure matérialité ouverte vers le bas.
Eve ou "h'awah", est la mère de tous les vivants. Son nom peut s'écrire h'et-waw-hé, avec un signe H'et lié à un signe Hé. Eve est à la fois "la vivante" et "le souffle de vie". Il peut s'écrire aussi avec un h'éth, Eve ayant transgressé l'interdit du discernement entre le bien et le mal. La vie matérielle ne peut se réaliser sans transgression, sans fracture (H'eth); mais sans le souffle du Hé, il n'y a pas de possibilité de retour, ni de rédemption.
Associée au signe Mém, les eaux, cette lettre donne "h'om", la chaleur. Suivant qu'il s'agit de H'et, avec un Taw ou de H'eth avec un Teth, cette chaleur est la miséricorde et le réconfort ou l'instinct destructeur. L'épée "h'oreb" peut se décomposer en H'eth et "rab", c'est à dire beaucoup de péché. Mais la lettre H'et de l'amour "h'ibah" donne la vie au foyer, l'énergie intérieure qui rayonne.
La valeur de la lettre H'et est huit. Sur le plan de l'espace, huit correspond aux coins du cube, aux huit degrés de l'escalier du Temple et aux huit tables des Sacrifices. Sur le plan temporel, le huitième jour a passé un shabat et contient un "plus": cette réserve de souffle permet d'allumer le chandelier, de circoncire le nouveau-né et de parvenir au Discernement, en parcourant l'Arbre de Vie, à partir de l'attribut du Royaume.
Eminemment duelle, la lettre h'et est un portique d'union des contraires et des complémentaires. Ce signe incarne à la fois la vie, le péché et la miséricorde. De ce fait, il a donné aussi la Sagesse (h'okhmah).
Albert SOUED - Janvier 1989
Prochaine conférence: les lettres tét et yod
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