INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR

 

LE ZOHAR ET LES FEMMES

 

Le Zohar est une exégèse ésotérique de la Torah. Elle n'est pas à la portée du premier venu et, pour comprendre les arcanes des exposés des maîtres, il faut avoir maîtrisé leur culture, généralement rapportée par le Midrash Rabba ou le Talmud, par exemple. Quand la Qabalah est comprise au sens large comme étant une manière de voir le monde et un processus pour percevoir le divin, son enseignement est alors dirigé vers d'autres disciplines que l'étude du texte en soi, soit les méthodes de méditation, à travers les litanies, associées ou non à une gestuelle, la prière intense, la danse, la musique, l'herméneutique appliquée aux textes sacrés….

 

En ce qui concerne les femmes, le Zohar s'exprime à leur égard selon un mode de pensée, considéré comme la norme à son époque. La femme ou le féminin est généralement une métaphore pour désigner le côté gauche de l'Arbre de Vie, celui qui correspond à la fois à la passivité, au discernement, à la rigueur et à la réverbération. Comme c'est à travers cette facette que l'on bascule vers le mal, ce côté est aussi assimilé au "mauvais penchant". Ceci est conventionnel et n'a rien à voir avec des appréciations sur les femmes, chaque être humain possédant les aspects masculin et féminin, ayant un penchant au mal comme au bien, selon des dosages individuels qui le caractérisent.

 

Dans ce qui suit, nous avons fait une sélection assez dense des passages relatifs aux femmes qui permet d'avoir le plus large aperçu des conceptions ésotériques de nos maîtres. Nous indiquons à chaque fois le verset commenté, et pour certains d'entre eux, nous reproduisons le texte du Zohar de la manière la plus exhaustive possible, mais la plus compréhensible, afin d'illustrer le cheminement de la pensée des maîtres, qui procèdent souvent par saut d'une idée à l'autre. Dans de nombreux cas, nous nous limitons à faire la synthèse des conclusions de l'exégèse.

 

Pour bien saisir le sens du Zohar, nous vous recommandons soit de vous reporter au site www.chez.com/soued/conf.htm et de lire les textes liés à la qabalah et à l'Arbre de Vie, soit de relire l'un de nos ouvrages, notamment "les Symboles dans la Bible" et surtout les trois premiers chapitres de "les Rêves dans la Bible" (Ed Grancher).

 

Genèse 1/16: "et D. (élohim) fit les deux grands luminaires…" (le plus grand luminaire pour le royaume du jour et le plus petit luminaire pour le royaume de la nuit, et aussi les étoiles).

 

En fait, à l'origine les deux luminaires étaient d'égale grandeur, image de l'égalité entre la droite et la gauche, du masculin et du féminin, des deux noms divins élohim et yod/hé/waw/hé . À l'image de l'égalité parfaite homme/femme qui mène à la neutralisation de leurs actions l'un par l'autre, à la neutralité et au statu quo, la symétrie parfaite du monde créé mène à sa disparition par non-évolution. C'est pourquoi une dissymétrie, une différentiation est nécessaire pour faire évoluer la création vers sa matérialisation.

Un des luminaires a donc été rapetissé pour éclairer la nuit. De même le nom divin a été différencié en plusieurs noms dont les deux noms présidant à la création, le tétragramme y/h/w/h et "élohim" (1). Elohim correspond à l'aspect féminin du divin.

La lune reçoit sa lumière du soleil et la reflète, comme la femme jouit de son meilleur éclat grâce à l'amour de son époux. De même la femme ne vit pleinement que si elle s'unit avec son époux pour tendre vers l'unité et pour procréer. De même le nom "élohim" n'a de sens et de consistance que s'il est précédé par le tétragramme (adonay élohim) et il ne trouve sa plénitude que lorsqu'il y a union entre les deux (Tifeéret avec Malkhout).

En ce 4ème jour de la création, le royaume de David fut établi, grâce à l'abaissement de Saül, et le 4ème support du trône divin fut affermi, grâce à la différenciation du deuxième hé du nom tétragramme y/h/w/h, et par son rapetissement (2).

Le monde ne peut évoluer que par différenciations successives.

 

Genèse 1/26: "et D.(élohim) dit "faisons l'homme…"" (à notre image et à notre ressemblance).

Le narrateur est le maître Shimeo'n bar Yoh'ay qui reçoit un message de l'Ancien des Jours. Celui-ci lui pose deux questions "qui a dit faisons l'homme ?" et "qui est élohim ?". Shiméo'n pense alors qu'il a reçu la permission de dévoiler certains secrets à ses collègues - Psaumes 25/14: "le Seigneur communique ses secrets à ceux qui le craignent; il leur révèle son alliance".

Il dévoile en expliquant: il faut imaginer un roi qui fait construire un palais. Il a un architecte à son service qui ne fait rien sans son consentement. Sur le plan symbolique, le Roi est la suprême Sagesse d'en Haut, la séfirah Aba ou H'okhmah, mais aussi au centre de la colonne centrale de l'Arbre de Vie, au niveau de la séfirah la Beauté ou Tifeéret. Élohim est l'architecte du Roi qui construit ses palais; on le trouve aussi bien dans la sphère d'en Haut, dans la rigueur du discernement (la séfirah Binah ou Ima, la mère), que dans la sphère d'en Bas au contact de l'univers matériel, la divine Présence ou shékhinah (la séfirah Malkhout ou nouqvah) (3).

Comme une femme ne peut rien faire sans le consentement de son mari, l'Architecte ne peut construire sans l'autorisation du Roi. Le Roi d'en Haut (Aba) demande à l'architecte (Ima) de faire ceci ou cela. Ainsi dit-il "Elohim! Que la lumière soit! Et il y eut la lumière". Il en est ainsi de toute construction venant du monde de l'émanation (atsilout).

On rappelle que le monde intermédiaire des dix séfirot sépare l'homme du divin et il est successivement émanation – création – formation – fabrication. À ce dernier niveau, l'homme se sépare du monde spirituel. À ce niveau de la fabrication, l'architecte propose au Roi "faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance". Le Roi lui répond qu'il est d'accord pour créer l'homme, mais il l'avertit qu'un jour il péchera devant toi Elohim, parce qu'il est "késsil", insensé, stupide. L'architecte-shékhinah-élohim répond au Roi que "puisque le péché de l'homme sera supporté par la mère et non par le père, je veux le créer ainsi à mon image" – car il est écrit dans Proverbe 10/1: "un fils sage fait la joie de son père, un fils stupide est le tourment de sa mère". Le fils sage est issu de l'émanation, oeuvre de H'okhmah (Aba-y/h/w/h), le fils insensé provient de la Rigueur (Ima-élohim). C'est ainsi que l'homme a été créé par Elohim à son image, et non par y/h/w/h qui ne souhaitait pas participer à cette création. Après que l'homme eut péché, y/h/w/h (Aba) dit à Elohim (Ima) "ne t'avais-je pas dit que son destin était de pécher?" et quand l'homme a été chassé du Paradis, Ima-la shékhinah est partie avec lui.

 

Mais les collègues de Rabbi Shimeo'n proposent une autre explication disant que "faisons l'homme à notre image" est une proposition des anges de service du Roi. Shimeo'n leur répondit que les anges sont lucides et connaissent le passé et le futur; et que par conséquent, ils savaient que l'homme allait fauter. Pourquoi auraient-ils fait cette proposition de le créer à leur image? Non! En réalité les anges Ouza et Azael se sont opposés à la création de l'homme car ils craignaient sa concurrence dans leurs louanges à D. Ils disaient à la Shekhinah qu'elle savait parfaitement que l'homme allait pécher à travers sa femme, amenant l'obscurcissement du monde. Mais la Shékhinah leur répondit vertement qu'eux-mêmes, les anges de service allaient commettre le crime dont ils accusaient l'homme – comme il est dit dans Genèse 6/2: "les fils de la race divine trouvèrent que les filles de l'homme étaient belles et ils choisirent pour femmes toutes celles qui leur convinrent"); et c'est ce qui se produisit et les anges furent aussitôt déchus et appelés "néfilim".

 

Les collègues de Shimeo'n lui répondirent que Ouza et Azael n'avaient pas menti puisque l'homme a fauté par le biais de sa femme. Shimeo'n continua en précisant que la Shékhinah a dit aux anges Ouza et Azael qu'ils avaient plus médit sur l'homme que tous les autres anges, remarquant "on ne peut accuser l'homme que si on est soi-même plus vertueux que lui; et là où lui fautera par une seule femme, vous les anges, vous fauterez par de nombreuses femmes. De plus l'homme se repent, se tourne vers son Créateur et répare, ce qui n'est pas votre cas".

 

Les collègues de Shimeo'n lui rétorquèrent: "si c'est ainsi, alors après tout pourquoi l'homme a-t-il été créé ?" Shimeo'n leur expliqua "Si D. n'avait pas créé l'homme de cette manière, avec un bon et un mauvais penchant, ce qui équivaut à la lumière et à l'obscurité, l'homme créé n'aurait été capable ni de péché ni de vertu. En ayant les deux possibilités, il peut choisir librement, D. ayant mis devant lui la vie et la mort…". Mais les collègues n'étaient pas satisfaits de la réponse "N'aurait-il pas été plus judicieux de ne pas créer l'homme, et de ne pas voir le péché se déployer en Bas, créant de ce fait des désordres en Haut. À quoi servent la récompense et la punition?"

Shimeo'n leur livra enfin le sens de la création "c'est par égard à la Torah que tout cela a été mis en place, des punitions pour les méchants, des récompenses pour les justes". Les collègues convinrent alors que rien n'a été créé par D. sans but.

 

Genèse 2/16: "l'Eternel D. recommanda à l'homme en disant…" (waytsaw élohim a'l haAdam lémor…)

On sait que "recommander" ou commander"(waytsaw) se rapporte à l'interdiction de l'idolâtrie, péché qui trouve son origine dans le foie, siège de la colère et qui est actionné par le démon "Af". Et succomber à la passion, c'est comme si on adorait une idole.

L'homme Adam contient le mot dam=sang qui, répandu est le signe du meurtre et de la destruction. Son siège est dans la vésicule biliaire, comme l'épée de l'Ange de la Mort. Il est actionné par le démon "Mashh'it".

"En disant" ou "lémor" se rapporte à l'inceste et à l'adultère dont la racine est la rate, actionnée par le démon "H'émah" (courroux).

Bien qu'elle n'ait pas d'ouverture, la rate absorbe le sang noir du foie, ce qui explique que "la femme adultère s'essuie la bouche, ne laissant pas de trace de son méfait (Prov 30/20: "elle satisfait ses appétits, s'essuie la bouche et dit je n'ai rien fait"). Le meurtrier est incité par sa vésicule biliaire qui tire le sang du cœur.

L'âme de celui qui pèche par idolâtrie, meurtre ou inceste/adultère est bannie à travers son foie, sa vésicule et sa rate, et il est puni en enfer par les trois démons vus ci-dessus.

À cause de ces crimes, Israël a été banni de sa terre et est parti en captivité. Comme on l'a vu, la shékhinah l'a accompagné, découvrant alors sa nudité. Quand elle se sépare de son Roi (Tifeéret) pour accompagner la communauté d'Israël, en exil ou en captivité, la shékhinah se découvre, et c'est pourquoi il est dit dans Lévitique 18/7: "Ne découvre point la nudité de ton père…celle de ta mère; c'est ta mère, tu ne dois pas découvrir sa nudité"

 

Zohar I/20b- 22a/b – 23a – 27b

 

(1) élohim=aleph/lamed/hé/yod/mém peut se lire de diverses manières. Mi éleh, qui sont-ils? Mah éli, qu'est-ce mon dieu? El hayam, le dieu de la mer. Elem yah, silence de yah.

(2) Yod/Hé/waw/hé, le 1er Hé est au niveau de Binah, le second hé est au niveau de Malkhout; ce sont les deux aspects du féminin sur l'Arbre de Vie, le discernement dans la rigueur et la passivité et la Présence divine ressentie intuitivement par l'être humain.

(3) On subdivise généralement l'Arbre de Vie en 10 attributs divins (ou séfirot), mais aussi en 5 "partsoufim" (faces ou leur représentation): Arikh Anpin (longue face) ou Kéter, Aba (père) ou H'okhmah, Ima  (mère) ou Binah, Tsai'r Anpin (petite face) ou les 6 séfirot suivantes, Nouqwa (fille) ou Malkhout

 

Albert Soued – 11/12/2005

 

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