LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

 

L'arche De Noé

 

Par Albert Soued -15 décembre 2005

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La représentation d'une arche comme lieu de préservation de l'humanité après un cataclysme est universelle.  La Bible relate le déluge et la survie dans une arche d'une poignée d'humains choisis ainsi que d'un échantillonnage de couples mâle et femelle de tous les êtres vivants, dans les chapitres 6, 7 et 8 de la Genèse.

 

Décoder

 

L'arche porte en elle de nombreux signes qu'on se propose de décrypter. Le mot biblique est en lui-même une énigme: en effet "tébah" ou taw/bet/hé est un contenant, une boîte, mais il désigne aussi "le mot", comme si le mot était le véhicule de survie d'un trésor qu'il contient. Mais l'analyse des lettres du mot "tébah" donne le sens de "le signe en elle" (taw/bah). Le trésor serait ainsi les différents sens cachés d'un mot, qui seraient véhiculés à travers l'espace-temps par ce mot-arche.

 

La légende sumérienne du déluge raconte que devant la montée des eaux, on a construit un navire de forme cubique où on a embarqué "la semence de tout ce qui vit", après s'être dépouillé des possessions matérielles. Le but de la survie est ainsi non seulement de préserver cette vie humaine, mais aussi de maintenir l'âme-esprit vivant.

 

La Bible nous explique que l'humanité avait atteint un tel niveau de corruption et de dépravation que Dieu a été amené à reconsidérer sa pérennité. Seul dans sa génération Noé (Noah) émerge comme "un juste qui trouve grâce aux yeux de l'Eternel". Noé et sa famille forment l'échantillon humain qui sera préservé et sauvé du désastre.

Le déluge a été aussi l'occasion pour l'homme de construire un moyen de prévention et de survie, avant le déclenchement d'une catastrophe naturelle annoncée.

 

L'espace et le temps

 

Le passage de la Bible décrivant le déluge est particulièrement riche en valeurs numériques. Certaines sont relatives aux dimensions de l'arche et aux phases de déroulement du déluge. Au delà de leur sens immédiat, les valeurs numériques peuvent être considérées comme des symboles renfermant un message discret.

Genèse 6/15-16: "Et voici comment tu la feras (l'arche): trois cent coudées seront la longueur de l'arche; cinquante coudées sa largeur et trente coudées sa hauteur…Tu la composeras d'une charpente inférieure, d'une seconde et d'une troisième"

Sur le plan de l'espace le rapport entre la longueur et la hauteur de l'arche est de 10 (300 contre 30 coudées), celui entre la longueur et la largeur est de 6 (300 contre 50 coudées). La hauteur est constituée de 3 niveaux de 10 coudées chacun. À la partie supérieure de l'arche on trouve un "hublot" de 1 coudée de côté.

La répartition 1 + 3 + 6 = 10 est celle des attributs divins dans l'arbre de vie (voir chapitre sur l'Arbre de Vie) . L'arche est non seulement un lieu de survie physique, mais elle annonce un retour spirituel.

Le déluge commence le 17ème jour du 2ème mois de la première année, soit 217 et Noé sort de l'arche le 27ème  jour du 2ème mois de l'année suivante, soit 227. La somme des valeurs numériques des deux nombres est respectivement 10, puis 11, 10 signifiant qu'un cycle est accompli, 11 annonçant un nouveau cycle.

 

Le mot

 

Nous avons vu ci-dessus l'homonymie entre l'arche-contenant et l'arche-mot. Une légende rapportée par la tradition ésotérique illustre bien ces équivalences.

Lors du Déluge, lorsqu'il fallut faire entrer dans l'Arche de Noé, la famille de celui-ci, ainsi que toutes les espèces animales et végétales, pour les préserver de la destruction, un gros animal ne put entrer par la porte de l'Arche, le "réém" (buffle?). Alors pour le sauver, on l'attacha par une corde à l'Arche et on le tira, le réém fendant alors les eaux du Déluge.

On a vu que "Tébah" ou taw-bet-hé est l'Arche, mais elle signifie aussi "le mot". Le gros animal "réém" ou resh-aleph-mém est l'anagramme du mot "amar", le dire, mais aussi la parole primordiale créatrice. Pour faire le lien avec notre histoire, cette parole créatrice est trop importante et ne peut entrer dans "le mot-arche" construit par les hommes. Elle a dû être tirée dans le temps et dans l'espace comme le gros animal, en dehors du langage humain, jusqu'au jour où une porte suffisamment grande s'est ouverte vers l'extérieur pour exprimer quelque chose "davar", une parole organisée "dibour" dans l'immensité du désert du Sinaï "midbar": c'est le don de la Torah, verbe mais aussi lumière.

 

Le hublot

 

Genèse 6/16: "Tu donneras du jour à l'arche, que tu réduiras, vers le haut, à la largeur d'une coudée…." Il y avait donc un hublot à la partie supérieure de l'arche.

D'après la Tradition, l'arche était éclairée par cet hublot même la nuit. Le hublot serait ainsi constitué d'une "pierre" qui recevait la lumière du jour, l'accumulait et la restituait la nuit, comme une pile solaire.

L'arche-boîte est un lieu d'incubation, fermé. Le hublot appelé "tsohar" est la seule relation avec l'extérieur pendant ce long séjour dans l'arche (plus d'une année). Pendant ces longs mois du Déluge, la seule lumière reçue est celle de cet hublot-pierre qui prépare Noé et sa famille à la grande lumière de la sortie. La pierre "tsohar" est l'image d'une ouverture spirituelle pour les rescapés-témoins d'une ère d'obscurité.

 

Le corbeau et la colombe

 

Genèse 8/6 à 12: "Au bout de 40 jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée dans l'arche. Il lâcha le corbeau qui partit allant et revenant, jusqu'à ce que les eaux eussent laissé la terre à sec. Puis il lâcha la colombe pour voir si les eaux avaient baissé sur la face du sol. Mais la colombe ne trouva pas de point d'appui pour la plante de ses pattes, et elle revint vers lui dans l'arche, parce que l'eau couvrait encore la surface de toute la terre. Il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l'arche. Il attendit encore sept autres jours et renvoya de nouveau la colombe de l'arche. La colombe revint vers lui sur le soir, tenant dans son bec une feuille d'olivier fraîche. Noé jugea que les eaux avaient baissé sur la terre. Ayant attendu sept autres jours encore, il fit partir la colombe, qui ne revint plus auprès de lui"

 

Ces oiseaux sont tous les deux des messagers perspicaces qui font le lien entre le tangible et l'intangible.

Le corbeau va et vient tant que la terre n'est pas encore sèche. Symbole solaire, il apparaît et disparaît avec la régularité d'un élément de la nature. Il est l'image du contraste entre la lumière et l'obscurité. Au niveau de l'Arche du Déluge, le corbeau fait le lien entre le passé et l'avenir, entre l'avant-déluge et l'après-déluge, alors que la colombe attend pour annoncer la bonne nouvelle, celle d'une nouvelle ère de paix et de lumière.

Le corbeau est l'image claire-obscure de l'hésitation et du regret du passé, la colombe  pleine d'espoir, celle du choix irréversible d'un futur radieux. Le corbeau représente à la fois un passé nocturne et obscur et un avenir meilleur. La colombe est le symbole de l'âme renouvelée dans l'arche de la transformation.

 

Numérologie

 

Si on examine les différentes phases du déluge, on peut aller plus loin dans la recherche de messages codés. La relation biblique du Déluge fait apparaître d'une manière répétitive une série de dates entre lesquelles des durées en jours sont ainsi précisées:

40-110-73-40-7-7-36-57.

 

Pendant 40 jours de déluge, les eaux montent jusqu'à leur paroxysme, les eaux submergeant toute la terre, l'arche flottant au dessus de la terre la plus élevée (15 coudées au dessus).

Au bout de 110 jours, le 17 du 7ème mois les eaux d'en haut ayant cessé de tomber, les eaux d'en bas refluent lentement et l'arche se pose sur le mont Ararath.

Au bout de 73 jours, le 1er du 10ème mois on voit apparaître les cimes des montagnes.

Au bout de 40 jours, Noé ouvre la fenêtre et laisse partir un corbeau qui va et vient, puis une colombe qui revient.

Au bout de 7 jours la colombe part et revient avec un rameau d'olivier.

Au bout de 7 jours la colombe part et ne revient plus.

Au bout de 36 jours, le 1er du 1er mois de l'an suivant, la terre "sèche" apparaît.

Au bout de 57 jours, le 27ème jour du 2ème mois de l'an suivant, Noé quitte l'arche.

 

Si on transforme cette série de nombres en mots selon la numérologie inversée, on trouve la phrase suivante "J'ai un peuple qui a accompli son lot, il est anéanti, exterminé! Une malédiction de l'impureté (ou de l'idolâtrie)". Cette phrase explicite le sens du déluge…

(1)

 

L'arc d'en haut et l'arche d'en bas

 

Après la pluie l'arc-en ciel est apparu, signe d'une ère nouvelle. Les rescapés de l'arche d'en bas reçoivent un message de paix. Genèse 9/11- 13: "Je confirmerai mon alliance avec vous, nulle chair désormais ne périra par les eaux du déluge; nul déluge désormais ne désolera la terre….J'ai  (Dieu qui parle) placé mon arc dans la nue et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre"

 

On peut schématiser le symbole de cette alliance, l'arc-en-ciel par un arrondi, l'arche que Noé vient de quitter étant angulaire. On a quitté un monde purement matériel, l'alliance étant un signe de totalité où la matière est complétée par l'esprit. L'arc-en-ciel se dit "qeshet" en hébreu ou qouf/shet; l'analyse symbolique donne le fondement (ancien) a été retranché, l'arc bandé est le signe que Dieu est intervenu pour changer l'ordre ancien et qu'une nouvelle humanité est née…

L'arc-en-ciel est l'espoir de retrouver une lueur de la lumière primordiale qui s'est cachée.

 

Note

(1) En hébreu, nous avons:

40=ly (lamed/yod), j'ai

110=a'm (ayin/mem), un peuple

73=ghimel (ghimel/mem/lamed), qui a accompli

40=h'evel (h'eth/beth/lamed), son lot

7=avad (aleph/beth/dalet), il est exterminé

7=avad (aleph/beth/dalet), il est anéanti

36=alah (aleph/lamed/hé), malédiction

57=awen (aleph/waw/noun), de l'impureté, idolâtrie

 

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